Magazine Culture

Tout doit disparaître

Publié le 10 avril 2024 par Adtraviata
Tout doit disparaître

Quatrième de couverture :

En partant s’installer à Mayotte avec ses parents, Hugo imaginait une vie d’expat rêvée sur une île paradisiaque… Il déchante très vite: la chaleur, la mousson, les bidonvilles, tout le heurte. Seul Blanc de sa classe, il peine à s’intégrer avant de faire la connaissance d’une autre élève, Zaïnaba. Déjà mère d’un enfant, elle sera son premier amour.

J’ai relu ce livre pour l’école, il avait été sélectionné il y a plusieurs années pour le Prix Versele (un prix de littérature jeunesse), je l’avais apprécié à la première lecture et mes souvenirs en étaient assez précis.

Hugo, 11 ans, est donc forcé de s’expatrier avec ses parents, tous deux enseignants, partis travailler à Mayotte pour une durée de quatre ans. L’écart entre les rêves paradisiaques et la réalité mahoraise est gigantesque. Trouver sa place, c’est l’un des thèmes forts de ce livre : Blanc parmi les Noirs, expatrié parmi les autochtones, présence éphémère à Mayotte, comment trouver des repères sûrs pour un jeune adolescent ? La documentaliste de son collège, Françoise, mariée à un Mahorais, sera une valeur sûre dans la tempête intérieure qui agite Hugo et dont ses parents ne semblent pas se rendre compte. L’amour de Zaïnaba sera lui aussi un moment fort dans l’initiation adolescente du garçon qui, à 14 ans, se retrouvera plus vite que prévu en métropole, chez ses grands-parents maternels. Il débarquera à Béthune en pleine fièvre des soldes : second grand choc au retour, nouveau grand écart entre la misère de Mayotte et la course effrénée à la consommation en France. Au retour de ses parents et de sa petite soeur, l’écart (toujours l’écart) se creusera aussi entre cet adolescent qui se cherche, qui cherche une vie simple et refuse le consumérisme et sa famille influencée par la publicité et toujours à la recherche du dernier gadget à la mode.

Tout doit disparaître est un roman rythmé qui aborde de multiples thèmes de réflexion toujours parlants pour les ados d’aujourd’hui, même si le roman est paru pour la première fois en 2001 : la vie dorée des expatriés, le racisme, la société de consommation, l’omniprésence de la pub, les inégalités sociales et culturelles et bien sûr l’adolescence. Le personnage d’Hugo est bien campé, pas toujours sympathique mais touchant dans sa douloureuse quête de repères. On pourrait s’amuser à imaginer ce qu’il deviendra vraiment comme jeune adulte, après avoir lu la dernière phrase du livre.

« Il y a deux façon de vivre, Hugo. En se laissant porter sans ce poser des questions par le temps qui passe, ou en essayant de comprendre qui l’on est et où l’ on va. La deuxième solution est certainement la moins confortable, mais de loin la plus intéressante. La seule qui vaille, pour moi. »

« Je ne crois pas avoir croisé de métropolitains fondamentalement racistes durant mon séjour sur l’île, mais je suis certain que tous, s’ils faisaient honnêtement leur examen de conscience, se rendraient compte qu’ils se sentent supérieur aux îliens, d’une manière ou d’une autre. »

« A 9h15, nous étions une trentaine à poireauter devant la boutique et un frémissement a parcouru cette foule fébrile quand une vendeuse est apparue derrière la porte vitrée. Mais elle ne venait pas encore ouvrir, seulement scotcher sur la vitre une affiche sur laquelle, en grosses lettres rouges et orange, était écrit : TOUT DOIT DISPARAÎTRE. »

Mikaël OLLIVIER, Tout doit disparaître, Editions Gallimard Jeunesse, Collection Pôle Fiction, 2021 (Editions Thierry Magnier, 2001)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Adtraviata 5456 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine