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Real life

Publié le 22 avril 2024 par Adtraviata
Real life

Quatrième de couverture :

C’est la fin de l’été et Wallace retrouve ses camarades au sein d’une prestigieuse université du Midwest. Mais, parmi ces jeunes Blancs insouciants, Wallace peine à se lier au groupe. Le veut-il vraiment ? Hanté par son passé, troublé par de récents événements, il garde sans cesse une distance avec ceux qui l’entourent. Le temps d’un week-end, entre les fêtes et les discussions qui refont le monde, Miller tente de se rapprocher de lui. Leur liaison pousse Wallace dans ses derniers retranchements. Porté par une prose élégante et un regard tranchant, ce campus novel intense décrit une jeunesse américaine faussement apaisée, et dresse le portrait sensible et touchant d’un homme en crise d’identité.

Wallace est le seul Noir dans un groupe d’étudiants blancs. Solitaire, introverti, il peine à trouver sa place, d’autant que sa directrice de thèse, sous des dehors bienveillants, n’encourage pas vraiment son travail. On sent bien un racisme latent voire affirmé dans toutes les relations du jeune homme. Le temps d’un week-end, il va se laisser approcher et entraîner dans une liaison improbable avec Miller, qui prend l’initiative mais se proclame pourtant hétérosexuel. Durant ce week-end houleux, Wallace sera amené à confier à Miller l’horreur qui a marqué son passé, pourquoi il a laissé derrière lui l’Alabama et tout ce qui s’y rattachait. C’est pourquoi il n’y est pas retourné pour l’enterrement de son père, décédé quelques semaines auparavant. En retour, Miller va lui aussi révéler tout un pan inquiétant de sa personnalité.

Le titre laissé en anglais et le tout dernier chapitre (si on y arrive) orientent le sens de ce roman : où est la vraie vie, sur un campus étudiant, où l’on est relativement protégé, où les barbecues de fin d’été au bord d’un lac enjolivent la vie, ou ailleurs, dans les familles, dans le monde du travail, dans le monde adulte finalement ? La question de l’identité, de la juste place est aussi un des thèmes intéressants de ce livre puisque Wallace est Noir, gay, boursier face à des Blancs à qui tout semble plus facile (et face à certains étudiants particulièrement coriaces). Il faut le savoir, il y a des longueurs (les explications sur les expériences scientifiques de Wallace sur les nématodes (des vers) et de nombreuses scènes de sexe très violentes (ça a fini par me lasser, je suis trop prude sans aucun doute) mais ce roman d’initiation, un premier roman, ne manque pas d’intérêt.

« Le passé est avide, toujours il vous dévore, il prend sans cesse, sans cesse. Si on ne le retient pas, si on ne le refoule pas, il se répandra, il prendra, il noiera. Le passé n’est pas un horizon qui s’éloigne. Au contraire, il progresse un instant à la fois, il marche d’un pas régulier vers l’avant jusqu’à ce qu’il ait tout réquisitionné, que nous redevenions qui nous avons été ; nous devenons des fantômes quand le passé nous rattrape. Je ne peux pas vivre tant que vit mon passé. C’est lui ou moi. »

« Pourquoi lui revient-elle maintenant ? Tous ces kilomètres parcourus. Ces années. Son ancienne vie tranchée comme une cataracte. Rejetée. Mais ici, retrouvée au fond de son esprit comme un détritus qui surnage. Ici. En ce lieu. Dans la solitude du labo. Il fait presque un bond de frayeur, tant le souvenir est complet. Son corps se souvient. Son corps traître… »

Brandon TAYLOR, Real life, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié, Le Livre de poche, 2024 (Editions La Croisée, 2022)

Prix des lecteurs du Livre de poche – sélection Avril 2024


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