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Mort aux cubes!!!

Publié le 22 août 2008 par Funuraba
  Cube: Traduction littérale de "ka3ba", c'est-à-dire kavi, bouhiyouf, boudjadi, kech'bekhta, chebreg, etc.
  Aujourd'hui, vendredi, journée à la plage. L'eau est bonne, le soleil caressant, le sable propre (sauf pour ceux qui s'amusent à creuser, mais j'ai passé l'âge :p), bref: toutes les conditions réunies pour passer une bonne journée, malgré mes appréhensions quant au rush du week-end's end. Après avoir barboté dans l'eau un moment, je sors me dorer au soleil.
  Je suis assis, rotissant doucement, les yeux perdus dans l'horizon, sentant venir la crise de lyrisme (que j'aurais intitulée "Les Rêveries du glandeur accompagné" ;)), lorsque je suis littéralement arraché à ma méditation par la voix la plus désagréable qu'il m'eut été donné d'entendre (j'en frémis rien que d'y penser): une voix de minotaure femelle enrhumée (croisement femme-vache, à la voix nasillarde). Avant d'avoir eu le temps de me retourner, la propriétaire de ladite voix passe devant moi, suivie du cortège familial, et entreprend d'installer sa smala à quatre mètres devant nous, ce qui me laisse le loisir de m'abreuver de l'affligeant spectacle. Je vous préviens tout de suite, j'exagère souvent et caricature à satiété, mais la description qui va suivre est largement en dessous de la réalité; mon esprit a édulcoré la chose par réflèxe de conservation; si j'avais vu la réalité telle quelle, c'était l'apoplexie assurée.
  Les femmes d'abord (comme je suis galant! XD): Deux vieilles peaux, moches, obscènes (on rougit rien qu'à les regarder, comme si la nature nous avait montré ses couilles), tout droit sorties d'un cabaret: une minotauresse, blondasse décolorée, la cinquantaine, maquillée comme un carré d'as, flanquée de son homologue, les cheuveux coupés au carré, elle aussi maquillée pour le carnaval.
 Ensuite, l'apprentie-pétasse: une "jeune fille" (si elle n'est pas passée à la casserole, c'est que je n'y connais rien à rien), la vingtaine, lunettes de soleil fashion, maillot deux pièces dévoilant un corps à refroidir un érotomane; vulgaire et bruyante, car on fait ce qu'on peut pour attirer l'attention, surtout lorsqu'on a de la concurrence: la soeur, dans les 16-18 ans, lunettes moins flashy mais tout aussi fashion, l'attitude précieuse, tout en retenue et en réserve, car on se prend pour "el 3adra" de la famille, et on se veut classe, comme pour contraster avec la vulgarité de l'aînée, qui déjà "tab djnan'ha", et qui rame pour capter l'attention, alors que la cadette, pour ce faire, n'a qu'à croiser les jambes et rejeter négligemment la tête en arrière (on subodore aisément les conflits larvés et les jalousies secretes et sournoises qui meublent le quotidien de deux "djadj 3rab" pareilles). Le reste est sans intérêt: trois filettes, à vue d'oeil trois, dix et douze ans, et qui n'offrent pas matière à analyse.
  Quant aux hommes, rien à dire ou presque; les deux maris, et les fils. Hormis les garçonnets, qui sont trop jeunes pour offrir matière à réflexion, les maris et l'aîné des fils, un grand escogriffe au sourire stupide et aux manières d'autiste, donnent la même impression: des tafioles, tout sourires, émasculés, sans aucune autorité, emberlificotés dans un système matriarcal, où la tenancière de bordel est devenue cheftaine de "famille" (3a'ilat zgharit dans toute sa hideur).
 Les "femmes" commencent à négocier avec le jeune homme qui loue les tables, chaises, et parasols. Comme un film d'horreur bien gore, où t'as la gerbe mais où tu regardes quand même, je continue d'observer, avec une curiosité malsaine, ce virulent spécimen de cubes. La minotauresse, assise, ses hanches débordant de chaque coté de la chaise, commence à placer chacun autour de la table (selon le rang, l'âge? je n'ai pas eu la présence d'esprit d'étudier la chose), tandis que la coupe carrée devise gaiement (est-il besoin de préciser "bruyamment"?), en éructant, dix fois à la minute "WANA ouKHHHLA3T!!!", et en éclatant de rire (j'espère que cette tronche où la mocheté le dispute au vulgaire ne hantera pas mes nuits, criant à tue-tête "WANA ouKHHHHHLA3T!!!").
  Quelques instants plus tard, moment culte: la minotauresse, partie se baigner, revient, son "maillot de bain" (en fait, un débardeur et un bermuda) dégoulinant d'eau; le débardeur, blanc, lui colle à la peau et, devenu transparent, laisse voir des mamelles de vache (la peste soit des gros nibards); son mari, lui faisant remarquer qu'on voyait ses nichons, s'est entendu rétorquer (tahan vas!) "Et alors?" (petite coquine ôô).
  Entretemps, comme pour souligner que "today is a cube day", des baffles vomissent à fond du rai et du berouali; c'est-à-dire une musique de cubes, faites par des cubes, à l'usage des cubes; rien à voir avec les chef-d'oeuvres de Ahmed Wahbi et Blaoui El Houari, ou plus récemment Khaled et Mami. La minotauresse et son homologue s'en donnent à coeur joie, suivies bientôt par l'apprentie-pétasse déjà flétrie; seule la petite précieuse se contente de bouger légèrement les épaules, en faisant une moue sensuelle MDR.
  A ce moment là je suis obsédé par une seule idée: rentrer à la maison, allumer mon PC, et taper dans Google "Comment fabriquer du Napalm". Je me dis qu'une plaie pareille doit être éradiquée de la manière la plus radicale qui soit; puis, vers les 16h30, une scène attendrissante: la fillette de trois ans s'endort, et son papa, après l'avoir délicatement étendue sur une serviette, lui cale la tête tout aussi délicatement sur une autre serviette, arrangée en guise d'oreiller, vérifie qu'elle est bien à l'ombre et qu'aucun rayon de soleil traîtreux ne puisse venir sournoisement agresser la peau de sa fifille, et revient ensuite régulièrement s'assurer qu'elle est à son aise et que tout va bien. Je souris, attendri, limite réconcilié avec les cubes. Pendant ce temps, les tenancières de bordel et les apprenties-pétasses - c'est-à-dire les femmes, dont on ne cesse de nous rabâcher la magnificence de leur instinct maternel, continuent de pérorer gaiement, sans avoir fait une fois attention au petit bouchon endormi. Le sourire se transforme en rictus méprisant; puis, pour la première fois de la journée, je m'attarde sur le visage de l'homme: placide, somme toute avenant, avec toute la grandeur et la bienveillance dont est capable l'humanité contenues dans le regard qu'il adresse à son enfançonne endormie. Et je suis triste pour cet homme; et je me mets à l'aimer; et j'ai envie de me lever, de lui serrer la main, et de lui dire "Quand même, vous êtes un chic type, et sans condescendance aucune, je vous plains".

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LES COMMENTAIRES (1)

Par giovanni
posté le 19 août à 20:35
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article pas du tout intéréssent, caricature par pur méchanseté sans aucune réflection.

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