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« Charlotte Salomon » d’Anne-Marie Cellier

Par Etcetera

Charlotte Salomon d’Anne-Marie Cellier

Comme je m'intéressais récemment au catalogue des éditions Jacques Brémond, mon attention a été attirée par ce titre " Charlotte Salomon " - ayant déjà un peu entendu parler de cette femme artiste, une peintre juive allemande, déportée et morte dans le camp de concentration d'Auschwitz en octobre 1943, à l'âge de seulement vingt-six ans.

Cette lecture s'inscrit dans Le Printemps des Artistes.

Note Pratique sur le livre

Editeur : Editions Jacques Brémond
Date de publication : 2012
Genre : Poésie, Théâtre
Nombre de Pages : 32

Note sur l'écrivaine

Installée en Cévennes, Anne- Marie CELLIER crée en juillet 1989 l'association " Les Bouffons du Soleil ", instaure divers ateliers de théâtres pour jeunes puis pour adultes en septembre 1990 et fonde en juillet 2001 en partenariat avec la Mairie de St Jean du Gard un festival de théâtre dont elle est la Directrice.
(Source : Internet)

Mon avis

Je ne savais pratiquement rien de Charlotte Salomon en ouvrant ce livre et, grâce à sa lecture, j'ai appris pas mal d'éléments biographiques sur elle. Sa vie a été marquée de bout en bout par les drames, en particulier par les suicides de plusieurs femmes de sa famille, dont sa mère et sa grand-mère. Le contexte historique de la montée du nazisme à partir des années 30 est bien montré par Anne-Marie Cellier, surtout à travers le leitmotiv des " Heil Hitler " qui revient tout au long de la pièce. Le fait que Charlotte Salomon soit mise à l'écart de l'école des Beaux-arts alors qu'elle y avait été reçue première et qu'on jugeait son talent très prometteur, pour la seule raison de sa judéité, constitue la première violence des nazis sur son destin de jeune femme, dès la moitié des années 30 - prémisses de toute la barbarie qui allait suivre.
Bien qu'il s'agisse d'une pièce de théâtre - ou, plus exactement d'un " singspiel " c'est-à-dire d'une forme de lieder - il n'y a pas d'indication de personnages et on pourrait aussi bien imaginer une mise en scène avec un seul récitant ou, au contraire, quelque chose de plus foisonnant et complexe.
L'écriture est belle, poétique, les métaphores sont nombreuses et le lyrisme très présent.
On trouve aussi des références à la musique : " La jeune fille et la mort " de Schubert ainsi que Jean-Sébastien Bach.
J'ai donc apprécié ce livre mais j'aurais préféré le lire en ayant déjà au préalable quelques connaissances solides sur Charlotte Salomon car, par moments, je flottais un tout petit peu.
En tout cas, cette pièce m'a donné très envie d'en savoir plus sur cette femme peintre et de me renseigner davantage sur son œuvre. Dans ce sens, elle a été pour moi une bonne entrée en matière, une agréable introduction.

*

Charlotte Salomon d’Anne-Marie Cellier

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Un Extrait au tout début du livre
Incipit - Page 9

(Musique)

Elle regarde la mer. La mer est tout en bas, en bas de son dos rouge. En bas de son dos nu.

L'azur est dur.

On voit des larmes de sang. Là.

Elle regarde la mer. La mer est tout en bas, en bas de son dos rouge.

Une étoile apparaît griffée dans son dos nu comme un soleil cloué, éclaté, échoué

On voit des larmes de sang. Là.

La mer monte et crie sans un oiseau en son sillage

La mer enfle et chavire et tanguent nos dérives.

Elle crie, oui elle crie Au secours ! Au secours !

Personne ne l'entend.

Alors elle se met à chanter très doucement d'abord, puis avec rage, obstination, ostentation puis avec colère, violence, à chanter comme une baleine enceinte, comme un horizon enfui, comme un navire en perdition, comme un pays que l'on détruit ou comme une alouette ivre, enfin comme..., comme... comme

Nul jamais ne chantera

(...)

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Charlotte Salomon d’Anne-Marie Cellier

Charlotte Salomon d’Anne-Marie Cellier


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