Magazine Cinéma

[Critique] Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy

Par Mespetitesvues
[Critique] Banel Adama Ramata-Toulaye

Synopsis: Dans leur village isolé, au nord du Sénégal, les jeunes époux Banel (Khady Mane) et Adama (Mamadou Diallo) s'aiment follement. Indépendants et fusionnels, ils projettent de vivre une vraie vie libre et de s'installer à l'écart de leur communauté dans une maison ancienne ensevelie par le sable et frappée de malédiction. Mais l'amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n'y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos.

Banel & Adama - Drame - France-Sénégal - 2023 - 1h28 - Version originale Pulaar avec sous-titres anglais - Sortie en salle à Montréal: 14 juin 2024.

Pour Banel & Adama, son premier long métrage, la jeune franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy a choisi de parler d'émancipation féminine, d'amour blessé et de modernisme dans une société très contrôlée par les superstitions, les croyances et les traditions ancestrales. Le point de départ, s'il n'est pas nouveau, est intéressant. Dans son premier tiers, le scénario illustre du reste assez bien les modes de fonctionnement du village, comme figé dans le temps, et évoque le tiraillement vécu par ces jeunes mariés, pris en tenaille entre le vieux et le neuf, la liberté et les conventions.

À mesure que Banel & Adama avance, l'auteure peine toutefois à développer sa tragédie amoureuse, rajoutant même une couche dramatique supplémentaire (elle-aussi intéressante) sur les impacts que les dérèglements climatiques causent dans ces petites communautés vivant au plus proche de la nature et complètement dépendantes du cycle des saisons. Avec pour résultat un ensemble fort louable, mais au traitement assez brouillon, ou, au mieux, inabouti.

Le problème du film est d'autant plus criant que l'esthétique beaucoup trop soignée a tendance à bloquer l'émotion. On s'attend à une explosion de passion et de conflit - en particulier dans le dernier droit qui semble dresser le portrait d'une Banel plus troublée que ce que l'on imaginait -, on a plutôt à faire avec un collage de cartes postales luxuriantes, avec leurs cadrages très adroitement composés et leurs couleurs (synthétiques) ultra travaillées. Cette recherche formelle, certes marquante, ne s'avère au final ni vraiment nécessaire ni vraiment subtile.


Retour à La Une de Logo Paperblog