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[Critique] L’été dernier de Catherine Breillat

Par Mespetitesvues
[Critique] L’été dernier Catherine Breillat

L'histoire: Anne ( Léa Drucker) est avocate spécialisée dans la défense des mineurs. Elle habite dans une grande villa sur les hauteurs de Paris avec son mari, Pierre ( Olivier Rabourdin), et leurs deux filles. Cependant, l'harmonie dans sa famille est perturbée par l'arrivée de Théo ( Samuel Kircher), fils de Pierre né d'un précédent mariage. Lorsque Pierre quitte la ville pour un voyage d'affaires, Anne et Théo, confinés sous le même toit pour la première fois, se retrouvent dans les affres d'une liaison inattendue et dangereusement érotique, menaçant la stabilité du foyer.

Sortie en salle au Québec: 12 juillet 2024

Onze ans après Abus de faiblesse, son plus récent film, l'auteure française Catherine Breillat, 75 ans, revient avec L'été dernier, quinzième long métrage présenté l'an dernier à Cannes et au Festival du nouveau cinéma de Montréal, où elle avait été récompensée par une Louve d'or d'honneur. Libre adaptation de Queen of Hearts, un film danois sorti en 2019, L'été dernier permet à la réalisatrice de 36 fillette (1988), Romance (1999) et Sale comme un ange (1991) de replonger dans les méandres de la sexualité féminine. Avec cette fois une histoire d'amour dévorant et compromettant, prétexte à une exploration des jeux de pouvoir et de domination.

Subtile et délicate, l'exploration d'une passion incontrôlable unissant à tout jamais dans le mensonge et le secret une bourgeoise cinquantenaire et un ado arrogant séduit par son rythme lent, sa précision et son approche exempte de morale ou de pathos. L'été dernier est sans conteste plus sage et plus retenu que les premières oeuvres de la cinéaste. La mise en scène est moins rugueuse, plus policée que d'habitude, à l'image des scènes d'amour, sensuelles et presque abstraites en raison de leurs cadrages en plan serré s'inspirant des tableaux de maîtres.

En ce qui concerne le récit, la destination est connue d'avance, les histoires d'adultère étant devenues assez fréquentes au cinéma. On avance donc en terrain connu, sans rencontrer de réelle surprise, et peut-être sans être suffisamment bouleversé. Il manque un petit excès de ferveur, un je-ne-sais-quoi insaisissable qui aurait pu nous faire basculer. Cela dit, le dénouement expose la culture du déni avec une belle économie de moyens.

Là où la cinéaste excelle surtout, c'est dans la délicatesse et la précision de sa direction d'acteurs, chez qui elle parvient à faire ressortir le moindre détail perturbateur, la moindre esquisse de mouvement. Pour y parvenir, elle peut compter sur un trio formidable, duquel ressort la trop rare Léa Drucker, impeccable dans la peau d'une femme qui se voudrait forte et manipulatrice, mais qui est surtout la proie de son propre désir charnel, aussi dévorant qu'interdit.


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