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Da Pacem d'Arvo Pärt : le minimalisme mystique

Publié le 24 août 2008 par Philippe Delaide

Da Pacem est une des compositions d'Arvo Pärt et enregistrée en 2006 par Paul Hillier et l'Estonian Philharmonic Chamber Orchestra. Une amie m'a fait découvrir ce compositeur assez récemment, via son disque le plus emblématique : de Profundis. Le style de ce compositeur estonien (et naturalisé autrichien) peut être qualifié de minimaliste. Ses oeuvres sacrées déploient pour la plupart une grande ampleur et se caractérisent par un nombre très limité de modulations avec une tenue très longue des notes autour, très souvent, de l'accord parfait d'une gamme. Ces pièces sont donc très épurées et demandant une tenue exemplaire des notes par les différents groupes de voix du choeur qui les interprète. Paul Hillier parvient à obtenir avec son choeur la ligne pure ainsi recherchée, avec une grande homogénéité de timbres, servant ainsi au mieux le style très dépouillé des pièces écrites par le compositeur.

Da Pacem Part
Dans ce disque, j'ai surtout été touché par le Da Pacem bien-sûr, mais aussi par le An den Wassern zu Babel, ample et ténébreux, qui évoque tout le mystère du plain-chant médiéval, ainsi que par le Nunc dimittis.

Quand on a l'habitude des compositions polyphoniques très savantes de la musique sacrée occidentale des XVème et XVIème siècles, ces pièces mystiques modernes fournissent une première impression de simplicité extrême, aux effets un peu "faciles", voire prétentieux. Force est de constater que ce minimalisme a une certaine cohérence esthétique, qu'il rappelle aussi les pièces écrites pour les grands choeurs de musique sacrée orthodoxe et que l'on peut plonger dans l'univers mystique qu'il suggère.

L'univers d'Arvo Pärrt se rapproche également, par certains égards, de la musique sacrée écrite pour choeur a cappella par Frank Martin (cf. note du 14 février 2007 sur sa messe à double choeur), même si cette dernière est tout de même guidée par une plus grande dynamique, un sens plus développé du contraste. Chez Arvo Pärt, l'univers créé est, selon les pièces, soit irisé de lumière, soit plongé dans l'obscurité du recueillement, et ce presque tout au long de la pièce écoutée, sans la moindre altération.

Lien direct vers Last.fm pour écouter le An den Wassern zu Babel, tiré du site youtube.

Autre lien vers Last.fm pour écouter le Magnificat.


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