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The Decemberists - Picaresque (2005)

Publié le 24 août 2008 par Oreilles

Tout le monde l'a écouté, et tout le monde l'a apprécié, ou presque. Ce qui m'a décidé à sauter le pas? Le post-it traditionnellement collé sur la pochette par mon disquaire préféré : "Pop X Large par Rough Trade". Sachant que tous deux -mon disquaire et Rough Trade- ne se trompent jamais, j'avais peu de chances d'être surpris, et pourtant. Considéré comme le sommet de leur courte discographie, Picaresque succède à Castaways and cutouts en 2001 et Her majesty en 2003 et se voit sans vergogne attribuer le désormais célèbre qualificatif d' "album de la maturité". Et même si cinq membres -dont deux filles- composent la bande de Portland, c'est bel et bien le génial songwritter américain Colin Meloy qui porte le disque à lui tout seul.
Intellectuel notoire, homme de lettre, fin limier mélodique, les comparaisons avec son ami Conor Oberst de Bright Eyes sont sans fin et imposent à ce jour les deux hommes comme incontournables sur la scène folk urbain déglingué. Des mélodies hors pairs mais surtout des textes qui se refusent tout schéma couplet / refrain pour mieux raconter des histoires, celles de vagabonds bohèmes voguant d'aventures en aventures, sur la longue route de l'apprentissage de la vie (d'où picaresque). Un personnage dont la voix nasillarde ne fait pas forcément l'unanimité aux premiers abords, mais qui se laisse finalement apprivoiser, jusqu'à devenir indispensable.
Attention cependant à ne pas se laisser tromper par le titre d'ouverture, "The infanta", étrangement pompeux par rapport au reste de l'album. Mais passé ce cap, c'est du bonheur en barre. Epiques et flamboyants, les singles potentiels et universels s'enchaînent et ne se ressemblent pas, du naïf "The sporting life" au très doux "Eli, the barrow boy" en passant par le très enlevé "16 miltary wives". Un quasi sans fautes mené batterie battante, tambourins, cordes et cuivres à l'unisson sur un lit de hand claps. Comme souvent dans le genre, les collaborations sont nombreuses et même Chris Walla -le producteur- prend la guitare (pas étonnant quand on sait qu'il officie au sein des Death Cab For Cutie).
Anciennement chanteur de country -faut bien commencer-, Colin et sa bande sonnent très traditionnel américain, et semblent avoir écouté tout ce qui s'est fait entre Van Morrisson et REM (dont le titre "We both go down together" en est un vibrant hommage). Un retour aux sources tout en guitare sèche qui favorise l'émotion plaintive à chaque détour de mélodie, de "From my own time love" (pas si loin de Big Star) à "The engine driver" et son rare refrain "If you don't like me let me go" posé sur un duo accordéon / arpèges. Un accordéon qui donne une touche très européenne à l'ensemble, et qui introduit le morceau de bravoure anachronique du disque: "The mariner's revenge song", mélange d' Okkervil River et de Brel (!) qui frappe au coeur neuf minutes durant.
A noter qu'une série de nouveaux singles en trois volumes intitulée Always the bridesmaid series sortira selon des dates échelonnées à partir du 14 octobre prochain, ce qui vous laisse le temps de (re)découvrir cette merveille qu'est Picaresque.
En bref : LE chef d'oeuvre d'un collectif américain bouillonnant, mené de main de maître par un fan de Morrissey et Neutral Milk Hotel. Whatelse? _
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Le site officiel et le Myspace
A lire aussi : The Raconteurs - Consolers of the lonely (2008)
"16 miltary wives" et "The mariner's revenge song" en vidéo:


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