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Article : Petite Histoire de la Grande Chine

Publié le 24 août 2008 par Julien Peltier

Petite Histoire de la Grande Chine
Dynasties, puissance et gloire

Auteur éclectique, puisqu’il s’est également illustré par des ouvrages sur Paris ou le Japon, Jean A. Keim publie en 1966 une « Petite Histoire de la Grande Chine ». Ce bref ouvrage n’entend rien moins que d’ébaucher un portrait, certes succinct, de l’une des civilisations les plus flamboyantes de l’histoire humaine. Des mythes fondateurs à l’avènement du communisme en 1948, ce sont plus de trois millénaires et une kyrielle de dynasties qui sont ainsi passés en revue, parfois au pas de charge, format oblige, mais toujours avec talent et érudition.


L’essai s’ouvre sur un exergue de Prospère Mérimée vantant les mérites de l’anecdote pour illustrer les mœurs d’un temps et d’un pays, et ce sont bien des anecdotes, glaçantes, drôles ou pathétiques, qui rythment l’ouvrage de Keim. Car le voyage initiatique auquel l’auteur convie ses lecteurs béotiens se doit d’être ponctué de jalons emblématiques de l’histoire et du folklore chinois, sans lesquels ils seraient souvent bien en peine de démêler l’inextricable écheveau des coups de force, conflits sanglants, intrigues de cour et soulèvements populaires qui forment un cycle continu au cours des siècles. Rien de nouveau sous le soleil, pourrait-on croire, mais ce serait sans compter la démesure jamais démentie de l’Empire du Milieu, qui conduit chacun de ses soubresauts à bouleverser la vie de dizaines, puis centaines de millions d’êtres humains.
Empereurs sages ou tyranniques, concubines lascives ou assoiffées de pouvoir mais aussi artistes, peintres et poètes, parsèment un tableau immense et millénaire : la Chine, pays-continent dix-huit fois plus étendu que la France. L’auteur fait en outre œuvre de justice en s’efforçant de réhabiliter la figure, sinistre dans les récits populaires, de Ts’ao Ts’ao, personnage issu de l’épopée des « Trois royaumes »* ; ou en nuançant le souvenir éclatant du souverain Ts’in Che Houang-ti, le premier empereur. C’est par ailleurs l’un des mérites de cet ouvrage, que de ne jamais verser dans la seule « histoire-bataille », pour au contraire prendre régulièrement le temps d’évoquer les aspects géographiques, sociaux ou encore artistiques propres à chaque période. La dimension géopolitique, à l’échelle asiatique dans un premier temps, puis globale avec l’établissement de liens auprès des puissances occidentales, est également explorée. Autre atout majeur, l’auteur a truffé son œuvre de correspondances entre événements historiques chinois et français, repères fort utiles qui aident considérablement le lecteur peu familier de cette histoire complexe.
La « Petite Histoire de la Grande Chine » porte donc sur ce pays unique un regard fait à la fois de rigueur, d’humour et de modestie, qui manque encore souvent à bon nombre de ses observateurs, admirateurs ou contempteurs, comme les récentes polémiques** l’ont à nouveau démontré. En embrassant les nombreuses dimensions d’une identité chinoise qui, à l’instar de toutes les autres, n’a eu de cesse d’évoluer au gré des rencontres et des invasions, Jean A. Keim nous rappelle opportunément que cet empire millénaire a déjà connu bien des visages, et n’en est sans doute pas à son dernier…
Ujisato
* Lire à ce sujet l’article consacré à la « Chronique des Trois Royaumes »
** Référence aux controverses entourant les Jeux Olympiques de Pékin et la politique chinoise à l’égard des minorités, des média et naturellement du Tibet.

Article : Petite Histoire de la Grande Chine

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