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La Meute au Chaland qui Passe, Binic, le 28 juillet 2024

Publié le 31 juillet 2024 par Concerts-Review
Meute Chaland Passe, Binic, juillet 2024

La Meute au Chaland qui Passe, Binic, le 28 juillet 2024

NoPo

La Meute au Chaland qui passe - Binic le 28/07/2024
La meute, je ne sais pas vous, mais moi ça me fait penser aux loups... et à la solidarité.
Des thèmes que l'on retrouve chez la tribu de la Drôme (Chabeuil) avec beaucoup d'humanisme.
Leurs hurlements, très engagés, dénoncent parfois tel un lanceur d'alerte, ça claque et ça fait mouche!
Un EP-tarade en 2020 ici https://lameute.bandcamp.com/album/en-meute
On arrive au Chaland à 18H, au moment où le Binic Folk Blues du dimanche aprem bat son plein, et devant le bar à toutous, tous et toutes, c'est foule aussi et la bière coule à flot.
On repère des bracelets du festival, signe que la programmation éclectique et toujours maligne d'Arnaud, attire large.
Les présents ne se trompent pas d'autant que les absents ont toujours tort.
Au soundcheck, les artistes nous avertissent 'encore 20 mns...', le temps que le bruit de fond des grandes scènes s'estompe et que leur régisseuse son fignole ses réglages.
Les filles connaissent l'endroit, le patron les avaient déjà reçues l'année dernière. J'espère que les louves n'ont pas mangé dans l'écuelle!
La meute :
Margaux Seon Accordéon, chœurs
Maëlle Bourry Contrebasse, chœurs
Florie Perroud Batterie, chœurs
Natacha Jomain Voix (aka Tachka qui alterne sur les concerts avec Roxane Perrin)
Visiblement, il y a de la voix et du cœur là-dedans!
Démarrage avec 'Terre' qui nous immerge d'emblée dans une mer à forts remous (non ce n'est pas un oxymore!).
Le son précis nous enveloppe, tout en laissant clairement entendre chaque instrument et les superbes voix, composantes musicales importantes, qui forment un mélange, jazz, world music et slam.
Meute fait, en effet, dans le parlé/chanté en donnant l'impression de s'adresser au public dans les yeux. Je dirai même plus, chacun séparément en tant qu'individu, la meute te parle!
Les notes sombres, en boucle sur la contrebasse, pulsent puissamment à l'entrée du titre 'Narcisse' d'autant que Maëlle frappe au bas de ses cordes avec une baguette.
Le ton vocal monte, accompagné d'un accordéon mélancolique et poussé par des roulements sur la caisse claire.
Malgré le brouhaha autour, on se laisse happer par la description d'une personnalité toxique.
'Ô Narcisse, comme tu sais y faire Lorsqu'il s'agit de plaire Amenant l'autre à se taire Pour ne pas te déplaire'.
Les grosses cordes de contrebasse malmenées par Maëlle, balancent 'Inuit' contre un mur aux paroles brutes.
L'accordéon joue des arabesques orientales, embuées et enivrantes. De petits cris aigus traversent le chant.
Natacha emploie une pédale d'effets qui multiplie sa ligne vocale ou la transforme par des modulations électroniques.
Parfois, elle utilise aussi un pad à percussions.
Le groove de la contrebasse, bordé de coup légers sur la batterie, finit par libérer l'accordéon qui bégaie. Pas la voix qui clame avec force.
'Falaise' s'érige en obstacle. 'C'est comme une falaise, pour avaler le bleu', il faut l'escalader pour retrouver des couleurs.
Natacha expulse 'J'irai cracher sur vos vagues à l'âme' puis le rythme de 'Danse danse danse danse' me rappelle la phrase de Joy Division conclue par 'To the radio' ('Transmission').
On embarque, à présent, sur une frêle embarcation en 'Méditerranée', qualifiée de cimetière.
Le propos, éprouvant, s'oppose d'abord à la douce intro contrebasse/accordéon avant d'épouser les contours d'un écumant Tango.
'En meute' appelle 4 voix a capella (aussi expertes que maître Capelo) qui s'accordent parfaitement. L'impression d'une nature sauvage nous saute aux oreilles.
L'accordéon de Margaux joue pareil à une virgule et la batterie ponctue sur le cercle. Les textes s'accumulent pour sortir rapidement de la bouche, plus loin avec cris et bordures électros.
'Minima' fait le maximum pour faire tanguer les spectateurs. Un passage planant permet à Natacha d'élever les octaves pendant que Florie sort 2 baguettes en fleurs de coton.
Balaises, elles envoient 'A l'aise' et cavalent dans un final qui emballe.
Les grimaces, mouvements et yeux fermés accumulent autant de preuves de l'implication des 3 musiciennes qui rendent l'instant intense.
L'atmosphère souvent rude, mais poétique et même cinématique, rend parfois la gorgée difficile à avaler (et de travers, même la Tuborg tue raide!).
Suivent 'Stratagèmes' et 'Il se pourrait' avec une qualité constante et émouvante grâce à un discours militant et intelligent, défendant notamment la cause des femmes
'Le programme' a été écrit par Armand Robin... en 1945, un texte à remettre en perspective dans le contexte actuel.
La musique, tristement dépouillée, fait valser l'accordéon avec la contrebasse et la batterie, et donne toute la place aux mots qui suppriment à tour de bras.
Et dans tout ça, la liberté?
Vient le futur tube 'Tout essayer', listant toutes sortes de folies supposées pratiquées et prétextes à une osmose exceptionnelle avec les spectateurs ('Avec nous!') qui finiront par 'Tout essayer' en chœurs.
Margaux passe aux claviers pour plaquer une ritournelle imparable.
'Sam, sam, ça m'excite' le rend bien au public qui bascule, déchainé, sur le parquet en bitume, il n'y a plus grand monde assis. Même mémé s'essaie dans un rock déjanté!
Taska lâche le pad pour le tambourin et les sourires explosent dans un final échevelé où Florie prend un coup de chaud sur un rythme monolithique.
Après un tour en boite de nuit, 'Je suis pas calme et je t'emmerde' déclenche une réaction hystérique proche de l'émeute! Et là, la meute meule toute résistance!
Une note autiste insiste et les paroles dénoncent les comportements de moutons et la langue de bois.
L'auteur se rebelle et le tempo s'accélère, voix et frappes sur les peaux font monter la tension.
On n'allait pas les laisser partir comme ça. Le rappel fait l'unanimité par un au-revoir italien Ciao chéri(e) (un couple car le chéri s'écrit sans 'e' sur une setlist et avec, sur une autre).
Malgré le mot italien, c'est une ambiance tango qui balance sa cadence cassée avec une contrebasse aux accents orientaux.
C'est bouleversés par tant d'humanité et de poésie sauvage que nous quittons ces 4 belles personnalités.
Larme à l'œil, sueur au front, nous reprenons notre chemin plus doux qu'un chemin de croix.
La musique véhicule tant d'hormones qui endorment autant qu'elles révoltent.
'La vie' chantait Mama Béa Tékielski, une dame qui en avait (des avis) tout comme la meute!
1-Terre
2-Narcisse
3-Invuit
4-Falaise
5-Méditerrannée
6-En meute
7-Minima
8-Stratagèmes
9-Il se pourrait
10-Le programme
11-Tout essayer
12-Pas calme
13-Ciao chéri(e)
https://www.facebook.com/lameutepoesiesauvage

Meute Chaland Passe, Binic, juillet 2024
Meute Chaland Passe, Binic, juillet 2024

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