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[Fantasia 2024] Self Driver de Michael Pierro

Par Mespetitesvues
[Fantasia 2024] Self Driver Michael Pierro

L'histoire: À Toronto, " D " est un chauffeur de courtoisie qui peine à joindre les deux bouts. Un soir, il se fait approcher par le directeur d'une PME qui a développé une appli formidable qui permettrait à ceux qui l'utilisent de gagner plusieurs milliers de dollars en une seule soirée. L'homme au comportement mystérieux arrive à convaincre le chauffeur d'essayer à son tour. Le problème c'est que ce logiciel est seul maître à bord. Ainsi, notre infortuné héros voit défiler dans son véhicule des gens au comportement aussi bizarre qu'inquiétant. Une jeune femme déguisée en ange qui va dans un party, un couple kidnappant des jeunes femmes, un dealer en cavale, un vieil homme qui veut se faire frapper au visage... Pour gagner son dû, " D " doit absolument faire tout ce que ses clients (et l'application) désirent, sans rechigner.

Vu au Festival Fantasia le 2 août 2024

[Fantasia 2024] Self Driver Michael Pierro

Présenté en première nord-américaine à Fantasia, Self Driver est le premier long métrage du Canadien Michael Pierro. À l'instar de bon nombre de films indépendants vus au festival cette année, Self Driver est une production indépendante dotée d'un budget aussi mince que sa prémisse. Comme ce fut le cas pour In Our Blood, Pierro compense la modestie de ses moyens par une forme assez simple consistant à filmer l'action exclusivement à partir de l'habitacle de la voiture, à l'exception du dénouement, tourné dans un stationnement.

Ce procédé claustrophobe nous permet d'entrer assez efficacement dans l'histoire et de sentir tout le potentiel de dangerosité que comportent ces rencontres impromptues, étranges et sombres. Le suspense proposé fait assez bien ressortir le dilemme du chauffeur de type " Uber ", qui sait pertinemment que ses passagers vivent des histoires tragiques ou illégales, sans qu'il puisse y faire grand chose. Mais le scénario ne se pose pas trop de questions existentielles, se contentant d'effleurer ses sujets complexes, comme la précarité des petits boulots contemporains ou les dérives du monde du travail virtuel.

Le grand atout du film repose sur l'interprétation de Nathanael Chadwick, qui réussit à créer un personnage attachant et crédible, sans en faire des tonnes. On le suit dans ses problèmes quotidiens, on le croit lorsqu'il dit à sa femme qu'il faut absolument qu'il termine sa nuit pour gagner encore un peu d'argent, et on est avec lui dans ses moments de fatigue et de dépression. Le personnage nous pose des questions éthiques qui auraient peut-être mérité d'être mieux exposées. En l'état, Self Driver est quand même un premier essai original et non dénué d'intérêt.


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