Traduit du hongrois par Chantal Philippe
J’ai ce poche dans ma PAL depuis une éternité. Et depuis une éternité, je tourne autour, je vois des avis positifs se multiplier, j’ai le sentiment de repousser à plus tard une lecture forte. Je ne sais pas exactement à quoi je m’attendais, mais certainement pas à l’histoire que j’ai finalement découverte et qui est forte oui, mais aussi originale et impressionnante… La narratrice de ce récit, qui prend la forme d’une longue confession, évoque sa relation particulière avec une femme du voisinage, concierge d’un immeuble voisin, devenue sa femme de ménage, Emerence Szeredás. Le couple a débarqué dans cette ville hongroise et une amie leur a recommandé cette femme, qui va finalement accepter de les aider. Rien ne va dans cette relation où il semble que la domestique a le pouvoir. La vieille femme vient quand elle veut, n’est soumise à aucune règle, sauf les siennes, peut partir dans de très longues phases de boudage. Même le chien que la narratrice, par ailleurs écrivaine à succès, a adopté devient le sien et n’obéit qu’à ses ordres. Pour autant, les deux femmes se prennent d’une étrange affection et vont se côtoyer pendant vingt ans. Mais que se cache-t-il donc derrière la porte d’Emerence, cette porte qu’elle n’ouvre à personne, recevant ses nombreux visiteurs sur son seuil ?… Lire ce texte de Magda Szabo est une expérience à la fois forte et dérangeante. Il est peu de dire que le personnage d’Emerence ne provoque pas la sympathie du lecteur, mais l’affection que la narratrice finit par avoir pour elle, les détails de sa vie qui émergent au fur et à mesure, rendent cette femme malgré tout attachante. Tout oppose l’intellectuelle et cette vieille femme qui sait à peine lire, sauf un attachement réciproque. J’ai trouvé l’écriture de ce roman remarquable. L’autrice sait maintenir une tension constante dans ce texte qui a tout d’un grand classique de la littérature. « La porte » a obtenu le Prix Fémina étranger en 2003.
Le livre de poche – février 2017
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup… ![]()
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