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L'Etoile des Mers - Adieu A La Vieille Irlande - Joseph O'Connor

Par Woland

Star of the Sea Traduction : Pierrick Masquart, Gérard Meudal & Marie-Thérèse Carton-Piéron

L'Irlande et les Irlandais chassés par la Grande Famine de 1847, vus par un juif américain, G. Grantley Dixon, et par le capitaine du vaisseau qui effectue la traversée, un quaker paisible qui, plus tard, reviendra en Irlande pour essayer d'améliorer le sort de ceux qui n'auront pas pu s'exiler.

En se basant sur des témoignages et des articles d'époque, Joseph O'Connor a imaginé un landlord, lord David Merridith, qui, ruiné par la Grande famine, s'exile avec sa famille à Washington dans l'espoir d'y refaire sa vie. Né en Irlande, David y a eu pour compagne d'enfance la petite Mary Duane avec laquelle il connaît ses premiers émois amoureux jusqu'au jour où son père décide de mettre fin à leurs relations.

Un peu plus âgée, Mary tombe amoureuse de Pius Mulvey qui s'enfuit dès qu'il apprend qu'elle attend un enfant. Mulvey monte à Londres où il se fait pickpocket et escroc. Dénoncé malgré son habileté, il atterrit à Newgate d'où il finit par s'échapper après avoir tué un gardien : son premier meurtre.

Il décide de revenir dans sa région natale, le Connemara, pour tenter d'y retrouver Mary. Mais il découvre alors que son frère aîné, Nicholas, a choisi d'abandonner la prêtrise pour "réparer" la faute de son cadet auprès de Mary. Pius s'acharne alors contre le couple, allant jusqu'à réclamer sa part de la modeste ferme paternelle, collaborant en fait avec les autorités britanniques et perdant tout crédit auprès de ses anciens compatriotes. Après le suicide de son frère - qui étouffe au passage la fille qu'il avait eue de Mary - Pius est contraint de s'enfuir, poursuivi par la haine des "Redresseurs de tort", une confrérie qui préfigure l'IRA du XXème siècle.

Celle-ci le rattrape cependant alors qu'il veut s'embarquer sur "L'Etoile des Mers" et lui met le marché en mains : ou il exécute lord Merridith et il aura la vie sauve, ou il refuse et c'est lui qui sera exécuté lorsqu'il essaiera de débarquer à Manhattan.

Coincé, Mulvey accepte.

O'Connor nous raconte cette histoire dont je ne peux révéler tous les fils, en faisant alterner les points de vue - car tous les personnages que j'ai cités finissent par se retrouver embarqués sur la même galère. Peu à peu, le récit prend corps, les rapports existant entre les divers protagonistes se révèlent, le lecteur s'enfonce de plus en plus hardiment dans les méandres de ce drame qui s'inspire, avec fidélité et une remarquable impartialité, de la tragédie d'un peuple.

L'ouvrage est parsemé de gravures d'époque - la première, dès la page de titre, prouve que les Anglais assimilaient les Celtes aux Noirs - et d'extraits de journaux ou de correspondances privées. Solide et cohérente, la construction de l'ouvrage est servie par des dialogues sobres et des réflexions qui, de la question irlandaise, passent à celle, universelle, des Droits de l'homme. Avec cela, l'ensemble se lit d'une traite, comme un excellent roman historique. ;o)


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