
Après un détour par les images en prise de vues réelles ( The Call of the Wild, 2020), Chris Sanders revient à l'animation, domaine dans lequel il s'est taillé une belle réputation avec Lilo & Stitch (2002), How to Train Your Dragon (2010) et The Croods (2013), tous co-écrits et co-réalisés avec d'autres. Reposant sur l'expertise du studio Dreamworks et de son réalisateur, The Wild Robot ( Robot sauvage en VF) est assis sur des bases solides.
L'histoire suit les péripéties de ROZUM 7134, dit Roz, un robot qui s'est retrouvé isolé sur une île perdue après que le navire qui le transportait ait fait naufrage. Désireux d'aider quelqu'un à tout prix, puisque c'est ce pour quoi il a été construit, il accepte de prendre soin d'une petit oie, livrée à elle-même après que le nid dans lequel elle attendait de naître a été ravagé. Au fur et à mesure qu'il surveille son protégé, appelé Jolicoeur en français, notre gentil robot bon à tout faire se transforme progressivement en une mère dotée de sentiments et de valeurs humaines.
The Wild Robot pose les bases de plusieurs thèmes originaux et intéressants lors d'une mise en place astucieuse, pleine d'humour, qui joue beaucoup sur l'incongruité de la présence d'un appareil créé par l'homme, parfaitement utilitaire et dénué d'âme, dans un univers sauvage, peuplé exclusivement d'animaux. Les plus jeunes ne saisiront peut-être pas toutes les subtilités de l'humour des premières minutes qui mettent en opposition le cœur et la raison, la science et la nature, le matériel et l'insondable. Mais, tandis que l'oison grandit et qu'il doit apprendre à vivre en oiseau, c'est à dire, se nourrir, nager et voler, les choses retrouvent une place plus conforme aux standards des films pour enfants. D'autant que notre petite oie est affublée d'un problème de croissance important qui rend son apprentissage compliqué.
On passe donc assez rapidement à ce qui ressemble à une fable écologique discrète portant en elle quelques messages de bon aloi sur l'acceptation de l'autre, la vie en communauté malgré ses différences et sur la solidarité en temps de crise (une tempête forçant les animaux de la forêt à se regrouper dans la cabane construite par Roz, telle l'arche providentielle construite par Noé). Tout cela est joli, réalisé avec énergie, coloré à souhait, mais, il faut bien le dire, cette naïve et touchante histoire d'amour maternel ne déroge guère à la ligne du parti.
À preuve, le parcours migratoire de Jolicoeur ressemble à s'y méprendre à celui entrepris par un jeune papillon, lui aussi doté d'une difformité importante, que l'on avait vu dans le canado-allemand Butterfly Tale ( La légende du papillon en VF) de Sophie Roy et Jean-François Pouliot, sorti l'an dernier. D'autres exemples pourraient s'ajouter.
En outre, les messages de tolérance, de paix dans le monde, d'amour maternel n'apportent rien de bien neuf. Le récit d'apprentissage de la petite oie est tout aussi cousu de fil blanc, avec ses hauts et ses bas, ses échecs et son " happy end " prévisible.
Autant dire que si l'on suit les nombreuses péripéties sans déplaisir, en tant qu'adulte, on est en droit d'exiger un peu plus. Surtout, on a raison de se désoler que le discours de ces superproductions enfantines tournent toujours autour des mêmes thèmes et ne soit pas plus audacieux ou décalé, ne serait-ce qu'un tout petit peu. En l'état, The Wild Robot respecte parfaitement le cahier des charges, ni plus ni moins.
En salle au Québec le 27 septembre 2024.
