Magazine France

Effets d'estrade

Publié le 27 août 2008 par Malesherbes
Je dois confesser que je n’ai pas l’aptitude extraordinaire de notre Président à monter chaque jour sur l’estrade avec un nouveau tour de magie : négociation à Moscou puis Tbilissi, voyage à Kaboul, déplacement à Castres, cérémonie aux Invalides, retour à Castres, discours aux Ambassadeurs, financement du RSA. Mais mon défaut ne tire pas à conséquence puisqu’il n’y a guère que les habitués de ce blog pour le constater.
Par contre, ce qui me navre au plus haut point, c’est de voir à quel point tant de Français se laissent abuser par l’agitation présidentielle. Il est vrai que des médias aux ordres s’emploient à déformer la réalité. J’ai constaté que même CNN se laissait intoxiquer par la version officielle : le « Président » de l’Union européenne, à laquelle fait précisément défaut un Président, a obtenu l’arrêt des combats entre la Russie et la Géorgie. En fait, le Président Medvedev avait ordonné un cessez-le-feu avant que le président Sarkozy ne s’envole pour Moscou et le plan en six points avait été ouvragé avec tant de science politique qu’il était plutôt discret sur un calendrier du retrait des troupes et négligeait de se préoccuper de l’intégrité territoriale de la Géorgie.
Nombreux aussi sont ceux qui admirent la conduite de Nicolas Sarkozy après la mort de dix soldats français en Afghanistan alors que tout observateur impartial a pu remarquer en la circonstance son déplorable manque de tenue devant des familles endeuillées. Je n’ai évidemment pas le droit de juger des personnes traversant une épreuve aussi cruelle mais j’avoue avoir été surpris par les propos du père d’un de ces infortunés soldats. Alors que, la nouvelle de cette embuscade connue, il s’était montré à la télévision résolu à demander des comptes, alors qu’il avait été bouleversant lors des funérailles de ces jeunes hommes, il est apparu lundi soir pacifié, déterminé à mettre sur pied quelque structure pour aider les familles et les jeunes soldats. J’ai été saisi par ce changement radical de ton et enclin à penser qu’il avait dû être approché par certains des experts en communication qui foisonnent dans nos cabinets ministériels et qui sont assurément d’une efficacité redoutable.
Aujourd’hui, nouvel assaut de ces camelots, avec l’annonce d’une taxe sur les produits du capital pour financer le RSA. Oublions que Sarkozy renie ainsi une nouvelle promesse électorale pour ne retenir de cette mesure que le signe d’une prise de conscience tardive du fait que, si l’on se propose d’augmenter les dépenses, il importe aussi d’augmenter les recettes. Mais ce que masque ce tintamarre, c’est le fait qu’on ne finance ainsi qu’une faible partie du RSA, le reste ayant déjà été assuré en prélevant les fonds sur d’autres dispositifs d’assistance qui vont se trouver en péril.
Je conclurai par un nouvel exemple de la stupéfiante servilité de nos médias. Dans une tribune parue dans Le Monde du 21 août, Françoise Fressoz citait la phrase immortelle prononcée le 30 août 2007 par Nicolas Sarkozy à l’Université du Medef : « j’irai chercher la croissance avec les dents ». L’ennui, c’est qu’elle l’avait tronquée, laissant ces dents ravageuses de côté. Pourquoi cette déférence, pourquoi dissimuler le ridicule dont ce personnage couvre notre pays en permanence ?

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte