Magazine Politique

Vers une nouvelle guerre de Crimée ?

Publié le 28 août 2008 par Hmoreigne

280px-locationcrimea.1219917077.pngLes bruits de bottes à l’Est ne semblent pas prêts de s’estomper. En faisant de la reconnaissance de l’autonomie des provinces russophones son cheval de bataille, les Russes ont ouvert une dangereuse boîte de Pandore. Le chancelleries européennes craignent que la crise Géorgienne, qui a démontré la faiblesse des démocraties occidentales, ne soit une porte ouverte à de nouvelles tentatives de redécoupages territoriaux.  Le Commissaire européen à l’Elargissement, le Finlandais Olli Rehn a averti: «L’Ukraine pourrait être la prochaine cible des pressions politiques de la Russie». Une vision partagée par Bernard Kouchner, selon qui la Russie pourrait avoir «d’autres objectifs dont la Crimée, l’Ukraine, la Moldavie. […] C’est très dangereux».

Dans ce contexte l’Ukraine et le cas particulier de sa province de Crimée prennent des allures de cas d’écoles pour la nouvelle stratégie expansionniste Russe. La Crimée est une presqu’île au sud de l’Ukraine qui plonge dans la mer Noire. Cette péninsule est peuplée de 2,5 millions d’habitants, dont 60% de russophones, 23% d’Ukrainiens et 10% de Tatars. Historiquement rattachée à l’Empire ottoman, puis à l’ Empire Russe, elle a été offerte à l’Ukraine par Nikita Khrouchtchev (lui-même ukrainien d’origine) en 1954. Depuis la disparition de l’URSS, elle est la seule région autonome de l’Ukraine. Autrement dit, le même statut que l’Ossétie du Sud par rapport à la Géorgie.

De façon informelle, elle fait partie de la conscience collective russe. Elle présente surtout un fort intérêt stratégique sur des plans militaires et commerciaux en constituant l’une des clés de la région. La ville de Sébastopol est depuis 225 ans la grande base navale de l’Empire et de l’Union soviétique. Fondé par l’impératrice Catherine II en 1783, le port de Sébastopol abrite toujours, moyennant location, la flotte russe de la mer Noire (12 000 hommes), selon un accord conclu pour vingt ans avec l’Ukraine en 1997. Si le terme du bail est connu, Moscou a toujours laissé planer des doutes sur son attitude en 2017.

Une telle base militaire ne saurait être rétrocédée à l’Ukraine d’autant que celle-ci est candidate à l’OTAN. Une adhésion à l’alliance atlantique impliquerait de facto le départ de la flotte russe, ce qui constituerait un véritable casus belli avec Moscou.

La situation actuelle n’est pas sans rappeler la première guerre de Crimée qui avait vu en 1854 se heurter les volontés expansionnistes du tsar Nicolas Ier à une coalition comprenant la France, l’Empire ottoman et le Royaume-Uni et le royaume de Sardaigne.

Se sentant à juste titre indirectement visée par les mouvements de troupes russe en Géorgie, l’Ukraine a fermement apporté son soutien à la république caucasienne. Une unité de façade car au même moment, une majorité des habitants de Sébastopol, a sans détours proclamé son attachement à la Russie. Le quotidien Helvétique Le Temps rapporte que ce week-end la majorité pro-russe des Sébastopolites a accueilli en véritables héros les navires de guerre russes qui ont combattu les Géorgiens.

La tension ne devrait pas redescendre de sitôt. L’exemple de l’Ossétie est dans toutes les têtes. A l’image des propos tenus par Sergueï Iourtchenko (source Le Temps), membre d’une organisation paramilitaire et pro-russe : « Nous attendons avec impatience que la Russie entreprenne des démarches pour récupérer la Crimée et Sébastopol. »

De l’autre côté les regards se tournent vers l’Ouest. “L’admission de l’Ukraine au sein du système de sécurité  collectif et le Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN demeure une bonne manière pour obtenir des garanties internationales pour sa  souveraineté”, a annoncé le président Ukrainien Iouchtchenko. Le feu couve. Reste juste à savoir si Moscou va souffler sur les braises. Et si les occidentaux sont prêts à jouer les pompiers.


Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (1)

Par russe-ukrainien-de france
posté le 21 octobre à 17:52
Signaler un abus
 c'est la réponse du berger à la berger,disont le retour du baton bien mérité.Moscou a retenu à la perfection la leçon du kosovo ,en jugeant qu'après la proclamation de l'indépendance du kosovo  ils avaient le droit d'accepter

l'indépendance de l'ossétie du sud et de l'abkhazie,l'équipe du président Médvedev ont compris que le temps jouait en leur faveur.de la même manière que les américains avaient estimé que le temps jouait en faveur des albanais du kosovo.quant à la crimée il est tout à fait normal quelle reste dans la zone d'influence russe ; peuplé à 70% de russophones.d'autre part il est tout à fait légitime que la russie ne soit peu disposé à se retiré de cette péninsule statégique qui lui permet de contrôler le caucase ,d'avoir accès,via le bosphore,à la Méditerranée, de surveiller les frontières de l'europe de l'est et du moyen-orient et d'avoir un moyen de préssion. michel chevtchenko cordialement