Comment John Lennon a écrit “Instant Karma” en un après-midi

Il n’est jamais facile de décrire le moment où l’inspiration frappe. Alors que de nombreux musiciens passent d’innombrables heures à essayer de vaincre le syndrome de la page blanche, quelques privilégiés semblent en être rarement victimes, écrivant sans effort des musiques et des paroles qui semblent venir de nulle part. Heureusement, c’était un trait commun aux Beatles, car John Lennon et Paul McCartney cherchaient tous deux à créer la musique la plus extraordinaire et la plus extra-terrestre possible.

Au cours de ses années de formation, la plupart des “moments de lumière” de Lennon se sont produits lorsqu’il était fatigué, sous l’emprise du LSD ou frustré par des choses qui échappaient à son contrôle. Lennon, dont l’éducation était loin d’être exempte de traumatismes, était un poème ambulant, sa capacité à accéder à des domaines obscurs même pour lui étant nécessaire à la création d’un paysage sonore parfait. Même ceux dont il s’entourait constamment, y compris les membres de son groupe, ne connaissaient pas l’étendue de sa douleur, du moins jusqu’à ce qu’il publie John Lennon / Plastic Ono Band.

L’écriture d’un morceau en solo signifiait beaucoup de choses pour l’ancien Beatle, mais surtout, cela signifiait enfin déballer les nombreux défis qu’il avait protégés par des couches de peau épaisse au fil des ans. Même ses anciens coéquipiers n’arrivaient pas à croire à l’honnêteté qu’il injectait dans sa musique solo et comment ils avaient pu passer à côté pendant toutes ces années, mais le voilà enfin devenu le musicien qu’il avait toujours voulu être. Bien entendu, l’absence de restrictions créatives a également été soutenue par une certaine Yoko Ono, qui a permis à Lennon de garder les pieds sur terre et d’être authentique dans toutes ses entreprises artistiques.

Mais si son talent pour créer de l’or musical en un rien de temps s’est manifesté tout au long de sa carrière, comme la genèse de certains des titres les plus populaires des Beatles tels que “Across the Universe”, Lennon l’a utilisé encore plus tard dans sa vie, probablement en raison des murs que son travail en solo et sa relation avec Ono ont brisés en cours de route.

L’un de ces exemples est “Instant Karma”, qui est né de l’intérêt de Lennon pour les causes et les effets bouddhistes et pour l’idée générale que nous devons faire face aux conséquences en permanence, et pas seulement après avoir fait de mauvais choix pendant toute une vie.

C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles “Instant Karma” est devenu l’un des tubes les plus appréciés et les plus mémorables de Lennon, mais il s’est également attaché à son public en étant une création pure et sans effort d’un esprit libéré des pressions du mercantilisme. C’est l’une des œuvres les plus rapides de Lennon, réalisée en un seul après-midi, un mardi, et il en est tellement amoureux qu’il appelle immédiatement ses producteurs Phil Spector et George Harrison pour leur annoncer la nouvelle. “Venez vite chez Apple“, s’exclame-t-il, “je viens d’écrire un monstre“.

Et il l’a fait, à tous points de vue, il a écrit un monstre. “J’ai écrit cette chanson au petit-déjeuner, je l’ai enregistrée au déjeuner et nous la sortons pour le dîner“, a déclaré le chanteur, faisant le lien entre la nature insatiable de son processus et l’art de la consommation, l’ensemble étant aussi naturel que les repas quotidiens de la journée. Bien que le moment choisi soit étrange à considérer alors que Lennon navigue dans la dissolution du plus grand groupe du monde, cette chanson a été son fil conducteur. “Je savais que j’avais un disque à succès“, a-t-il déclaré.

Alors que Lennon savait qu’il avait capturé l’éclair dans une bouteille, ce n’est qu’avec l’arrivée de Spector que le morceau s’est transformé d’un grand en un fantastique. “Soudain, nous sommes entrés dans la pièce et nous avons entendu ce qu’il avait fait… c’était fantastique“. Alors que la chanson elle-même reflète probablement l’un des voyages émotionnels les plus amers que l’on puisse rencontrer dans sa vie, la dualité caractéristique de Lennon transparaît lorsqu’il offre les perspectives des deux côtés de la médaille. “Nous brillons tous comme la lune, les étoiles et le soleil“, chante-t-il, montrant le côté positif de la vie où le karma néglige de se manifester si votre cœur est pur.