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Lettre de Charles de Gaulle à Konrad Adenauer

Par Osmose

Charles de Gaulle à Konrad Adenauer (23 septembre 1960)

Cher monsieur le Chancelier,

Comme nous en avions convenu à Rambouillet, j’ai vu tour à tour MM. Fanfani et Segni, MM. de Quay et Luna, MM. Eyskens et Wigny, MM. Werner et Schauss, et les ai consultés, en termes généraux, sur ce qu’ils penseraient, le cas échéant, d’un projet de coopération politique européenne. Je les y ai trouvés favorablement disposés, ce qui ne les empêche pas, naturellement, de souhaiter que ce qui serait fait dans ce nouveau domaine ne détruise pas ce qui existe au point de vue économique, ne tende pas à éloigner les Américains de la défense de l’Europe et ne ferme pas la porte à une éventuelle participation des Anglais non plus qu’à des aménagements pratiques de nos relations avec eux.

Plus que jamais, j’ai le sentiment que nous pouvons faire un pas important vers l’union de notre Europe et je crois que la grande incertitude mondiale, telle qu’elle s’exhibe actuellement à l’O.N.U., nous y engage sans plus attendre.

A la base, il faut, sans nul doute, un accord de l’Allemagne et de la France. Depuis toujours, vous êtes, cher monsieur le chancelier, le champion de cette idée que nos deux pays doivent s’entendre spécialement et mener une action commune. Et vous n’avez pas cessé de travailler au concert franco-allemand, en vue d’en faire le fondement de l’unité européenne. A cet égard, laissez-moi vous le répéter, je n’ai jamais été plus près de vous aujourd’hui.

Continuant ce que nous avons ensemble esquissé à Rambouillet, il me semble que nous devons maintenant mettre au point les conditions d’une initiative européenne visant à organiser la coopération politique des six Etats. La visite que le Premier ministre M. Debré va vous faire au début d’octobre et les entretiens que, je l’espère, nous aurons vers la fin du même mois pourraient nous permettre d’aboutir à des conclusions communes. Après quoi, les responsables suprêmes des Six, au cours d’une réunion qui aurait lieu avant la fin de l’année, pourraient en venir à un accord.

Je vous prie de croire, cher monsieur le chancelier, à ma très haute et amicale considération.

Le 23 septembre 1960, le général de Gaulle adresse au chancelier allemand Konrad Adenauer une lettre dans laquelle le président français insiste sur l'importance de la coopération franco-allemande pour promouvoir l'unité politique de l'Europe.

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