Magazine Culture

La mediumnite de Jeanne d'Arc ( 6/7)

Par Osmose

Ces grands faits de l'histoire sont comparables aux éclaircies qui se produisent tout à coup entre les nuées, lorsque le temps est couvert, pour nous montrer le ciel profond, lumineux, infini. Puis, ces trouées se referment aussitôt, parce que l'homme n'est pas encore mûr, pour saisir et comprendre les mystères de la vie supérieure.

Quant au choix des formes et des moyens que ces grands Etres emploient pour intervenir dans le champ terrestre, il faut reconnaître que notre savoir est bien faible pour les apprécier et les juger. Nos facultés sont impuissantes à mesurer les vastes plans de l'invisible.

Mais nous savons que les faits sont là, incontestables, indéniables. De loin en loin, à travers l'obscurité qui nous enveloppe, au milieu du flux et du reflux des événements, aux heures décisives, lorsqu'une nation est en péril, quand l'humanité est sortie de sa voie, alors une émanation, une personnification de la Puissance suprême descend parmi nous, pour rappeler aux hommes qu'il existe au-dessus d'eux des ressources infinies, qu'ils peuvent attirer par leurs pensées, par leurs appels, des sociétés d'âmes qu'ils atteindront un jour, par leurs mérites et leurs efforts.

L'intervention dans l'oeuvre humaine de ces hautes Entités, que nous nommerons les anonymes de l'espace, constitue une loi profonde sur laquelle nous croyons devoir insister encore, en nous efforçant de la rendre plus compréhensible.

En général, avons-nous dit, les Esprits supérieurs qui se manifestent aux hommes ne se nomment pas, ou bien, s'ils se nomment, ils empruntent des noms symboliques, qui caractérisent leur nature ou le genre de mission qui leur est assigné.

Pourquoi donc, alors qu'ici-bas l'homme se montre si jaloux de ses moindres mérites, si empressé à attacher son nom aux oeuvres les plus éphémères, pourquoi les grands missionnaires de l'Au-delà, les glorieux messagers de l'invisible, s'obstinent-ils à garder l'anonymat ou à prendre des noms allégoriques ?

C'est que, bien différentes sont les règles du monde terrestre et celles des mondes supérieurs, où se meuvent les Esprits de rédemption.

Ici-bas, la personnalité prime et absorbe tout. Le moi tyrannique s'impose : c'est le signe de notre infériorité, la formule inconsciente de notre égoïsme. Notre condition présente étant imparfaite et provisoire, il est logique que tous nos actes gravitent autour de notre personnalité, c'est-à-dire de ce moi qui maintient et assure l'identité de l'être dans son stade inférieur d'évolution, à travers les fluctuations de l'espace et les vicissitudes du temps.

Dans les hautes sphères spirituelles, il en est tout autrement. L'évolution se poursuit sous des formes plus éthérées, formes qui, à une certaine hauteur, se combinent, s'associent et réalisent ce qu'on pourrait appeler la compénétration des êtres.

Plus l'Esprit monte et progresse dans la hiérarchie infinie, plus les angles de sa personnalité s'effacent, plus son moi se dilate et s'épanouit dans la vie universelle, sous la loi d'harmonie et d'amour. Sans doute l'identité de l'être demeure, mais son action se confond de plus en plus avec l'activité générale, c'est-à-dire avec Dieu, qui, en réalité, est l'acte pur.

C'est en cela que consistent le progrès infini et la vie éternelle : se rapprocher sans cesse de l'Etre absolu sans l'atteindre jamais, et confondre toujours plus pleinement notre oeuvre propre avec l'oeuvre éternelle.

Parvenu à ces sommets, l'Esprit ne se nomme plus de tel ou tel nom ; ce n'est plus un individu, une personnalité, mais bien une des formes de l'activité infinie. Il s'appelle : Légion. Il appartient à une hiérarchie de forces et de lumières, telle une parcelle de flamme appartient à l'activité du foyer qui l'engendre et la nourrit. C'est une immense association d'Esprits harmonisés entre eux par des lois d'affinité lumineuse, de symphonie intellectuelle et morale, par l'amour qui les identifie. Fraternité sublime, dont celle de la terre n'est qu'un pâle et fugitif reflet !

Parfois, de ces groupes harmonieux, de ces pléiades éblouissantes, un rayon vivant se détache, une forme radieuse se sépare et vient, telle une projection de lumière céleste, explorer, illuminer les recoins de notre monde obscur. Aider à l'ascension des âmes, fortifier une créature à l'heure d'un grand sacrifice, soutenir la tête d'un Christ à l'agonie, sauver un peuple, racheter une nation qui va périr : telles sont les missions sublimes que ces messagers de l'Au-delà viennent remplir.

La loi de solidarité exige que les êtres supérieurs attirent à eux les esprits jeunes ou attardés. Ainsi, une immense chaîne magnétique se déroule à travers l'incommensurable univers, et relie les âmes et les mondes.

Et comme le sublime de la grandeur morale consiste à faire le bien pour le bien même, sans retour égoïste sur soi, les Esprits bienfaiteurs agissent sous le double voile du silence et de l'anonymat, afin que la gloire et le mérite de leurs actes en reviennent à Dieu seul et retournent à lui.

Ainsi s'expliquent les visions de Jeanne, ses voix, les apparitions de l'archange et des saintes, qui n'ont jamais existé comme personnalités individuelles, baptisées de ce nom, mais qui sont cependant des réalités vivantes, des êtres lumineux, détachés des foyers divins et qui ont fait de Jeanne la libératrice de son pays.

Michel, Micaël, la force de Dieu ; Marguerite, Margarita, la perle précieuse ; Catherine, Katarina, la vierge pure : tous noms symboliques qui caractérisent une beauté morale, une force supérieure et reflètent un rayon de Dieu.

*

* Jeanne d'Arc était donc un intermédiaire entre deux mondes, un médium puissant. Pour cela, elle fut martyrisée, brûlée. Tel est, en général, le sort des envoyés d'en haut : ils sont en butte aux persécutions des hommes ; ceux-ci ne veulent ou ne peuvent pas les comprendre. Les exemples qu'ils donnent, les vérités qu'ils répandent, sont une gêne pour les intérêts terrestres, une condamnation pour les passions ou les erreurs humaines.

Il en est de même de nos jours. Quoique moins barbare que le moyen âge, qui les envoyait en masse au bûcher, notre époque persécute encore les agents de l'Au-delà. Ils sont souvent méconnus, dédaignés, bafoués. Je parle des médiums sincères et non des simulateurs, qui sont nombreux et se glissent partout.

Ces derniers prostituent une des choses les plus respectables qui soit en ce monde, et, par cela même, ils assument de lourdes responsabilités dans l'avenir. Car tout se paie, tôt ou tard ; tous nos actes, bons ou mauvais, retombent sur nous, avec leurs conséquences. C'est la loi de la destinée !

Les manifestations du monde invisible sont constantes, disions-nous ; elles ne sont pas égales. La supercherie, le charlatanisme se mêlent parfois à l'inspiration sacrée : à côté de Jeanne d'Arc, vous trouverez Catherine de La Rochelle et Guillaume le berger, qui étaient des imposteurs.
Il y a aussi de réels médiums qui s'abusent eux-mêmes et agissent, à certaines heures, sous l'empire de l'auto-suggestion. La source n'est pas toujours très pure ; la vision est quelquefois confuse, mais il y a des phénomènes si éclatants que, devant eux, le doute ne peut subsister. Tels furent les faits médianimiques qui illustrent la vie de Jeanne d'Arc.

Il y a dans la médiumnité, comme en toutes choses, une diversité infinie, une gradation, une sorte de hiérarchie. Presque tous les grands prédestinés, les prophètes, les fondateurs de religion, les messagers de vérité, tous ceux qui ont proclamé les principes supérieurs dont la pensée humaine s'est nourrie, ont été des médiums, puisque leur vie a été en relations constantes avec les hautes sphères spirituelles.

J'ai démontré ailleurs, en m'appuyant sur des témoignages nombreux et précis, que le génie, à divers points de vue et dans bien des cas, peut être considéré comme un des aspects de la médiumnité. Les hommes de génie, pour la plupart, sont des inspirés dans la plus haute acception de ce mot. Leurs oeuvres sont comme des foyers que Dieu allume dans la nuit des siècles, pour éclairer la marche de l'humanité.

Toute la philosophie de l'histoire se résume en deux mots : la communion du visible et de l'invisible. Elle s'exprime par la haute inspiration : les hommes de génie, les grands poètes, les savants, les artistes, les inventeurs célèbres, tous sont des exécuteurs du plan divin dans le monde, de ce plan majestueux d'évolution qui entraîne l'âme vers les sommets.

Tantôt les nobles Intelligences qui président à cette évolution, s'incarnent elles-mêmes, pour rendre leur action plus efficace et plus directe. Alors, vous avez Zoroastre, Bouddha, et, au-dessus de tous, le Christ.


à suivre ... 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Osmose 86 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines