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La mediumnite de Jeanne d'Arc (1/7)

Par Osmose

Les phénomènes de vision, d'audition, de prémonition, qui parsèment la vie de Jeanne d'Arc, ont donné lieu aux interprétations les plus diverses. Parmi les historiens, les uns n'ont vu là que des cas d'hallucination ; certains sont allés jusqu'à parler d'hystérie ou de névrose. D'autres ont attribué à ces faits un caractère surnaturel et miraculeux.

Le but essentiel de cet ouvrage est d'analyser ces phénomènes, de démontrer qu'ils sont réels et se rattachent à des lois longtemps ignorées, mais dont l'existence se révèle de jour en jour, d'une manière plus imposante et plus précise.

A mesure que s'accroît la connaissance de l'univers et de l'être, la notion du surnaturel recule, s'évanouit. On le comprend désormais : la nature est une ; mais, dans son immensité, elle recèle des domaines, des formes de vie qui ont longtemps échappé à nos sens. Ceux-ci sont des plus bornés. Ils ne nous laissent percevoir que les aspects les plus grossiers, les plus élémentaires de l'univers et de la vie.

Leur pauvreté, leur insuffisance s'est révélée surtout au moment de l'invention des puissants instruments d'optique, le télescope et le microscope, qui ont élargi dans tous les sens le champ de nos perceptions visuelles. Que savions-nous des infiniment petits avant la construction des appareils grossissants ? que savions-nous de ces innombrables existences, qui pullulent et s'agitent autour de nous et même en nous ?

Ce ne sont là pourtant que les bas-fonds de la nature et, pour ainsi dire, le substratum de la vie. Mais, au-dessus, des plans se succèdent et s'étagent, sur lesquels se graduent des formes d'existences de plus en plus subtiles, éthérées, intelligentes, d'un caractère encore humain, puis angélique à certaines hauteurs, appartenant toujours, par leurs formes, sinon par leur essence, à ces états impondérables de la matière que la science constate aujourd'hui sous plusieurs de leurs aspects, par exemple dans la radioactivité des corps, les rayons Roentgen, dans tout l'ensemble des expériences faites sur la matière radiante.

Au-delà des formes visibles et tangibles qui nous sont familières, nous savons maintenant que la matière se retrouve encore sous des états nombreux et variés, invisibles et impondérables, que peu à peu elle s'affine, se transforme en force et en lumière, pour devenir l'éther cosmique des physiciens. Dans tous ces états, sous tous ces aspects, elle est encore la substance dans laquelle se tissent d'innombrables organismes, des formes de vie d'une ténuité inimaginable.

Dans cet océan de matière subtile, une vie intense s'agite au-dessus et autour de nous. Par-delà le cercle étroit de nos sensations, des abîmes se creusent, un vaste monde inconnu se déroule, peuplé de forces et d'êtres que nous ne percevons pas, mais qui cependant participent à notre existence, à nos joies, à nos souffrances et, dans une certaine mesure, peuvent nous influencer, nous secourir. C'est dans ce monde incommensurable qu'une science nouvelle s'efforce de pénétrer.

Dans une conférence faite à l'Institut général psychologique, il y a quelques années, le docteur Duclaux, directeur de l'Institut Pasteur, s'exprimait en ces termes : « Ce monde peuplé d'influences que nous subissons sans les connaître, pénétré de ce quid divinum que nous devinons sans en avoir le détail, est plus intéressant que celui dans lequel s'est jusqu'ici confinée notre pensée. Tâchons de l'ouvrir à nos recherches : il y a là d'immenses découvertes à faire, dont profitera l'humanité. »

Chose merveilleuse ! Nous appartenons nous-mêmes, pour une partie de notre être, la plus importante, à ce monde invisible qui se révèle chaque jour aux observateurs attentifs. Il est, en chaque être humain, une forme fluidique, un corps subtil, indestructible, image fidèle du corps physique et dont celui-ci n'est que le revêtement passager, la gaine grossière. Cette forme a ses sens propres, plus puissants que ceux du corps physique ; ceux-ci n'en sont que le prolongement affaibli[1]

Le corps fluidique est le véritable siège de nos facultés, de notre conscience, de ce que les croyants de tous les âges ont appelé l'âme. Celle-ci n'est pas une vague entité métaphysique, mais plutôt un centre impérissable de force et de vie, inséparable de sa forme subtile. Elle préexistait à notre naissance, et la mort n'a pas d'action sur elle. Elle se retrouve au-delà de la tombe dans la plénitude de ses acquisitions intellectuelles et morales. Sa destinée est de poursuivre, à travers le temps et l'espace, son évolution vers des états toujours meilleurs, toujours plus éclairés des rayons de la justice, de la vérité, de l'éternelle beauté. L'être, perfectible à jamais, recueille dans son état psychique, agrandi, le fruit des travaux, des sacrifices et des épreuves de toutes ses existences.

Ceux qui ont vécu parmi nous et poursuivent leur évolution dans l'espace, ne se désintéressent pas de nos souffrances et de nos larmes. Des plans supérieurs de la vie universelle découlent sans cesse sur la terre des courants de force et d'inspiration. De là viennent les illuminations soudaines du génie, les souffles puissants qui passent sur les foules aux heures décisives ; de là, le soutien et le réconfort pour ceux qui ploient sous le fardeau de l'existence. Un lien mystérieux relie le visible et l'invisible. Des rapports peuvent s'établir avec l'Au-delà, à l'aide de certaines personnes spécialement douées, chez qui les sens cachés de l'âme, les sens psychiques, ces sens profonds qui dorment chez tout être humain, peuvent s'éveiller et entrer en action dès cette vie. Ce sont ces aides que nous nommons des médiums.

Au temps de Jeanne d'Arc, on ne pouvait comprendre ces choses. On ne possédait sur l'univers et sur la véritable nature de l'être, que des notions confuses, et, sur bien des points, incomplètes ou erronées. Cependant, depuis des siècles, l'esprit humain, malgré ses hésitations, ses incertitudes, a marché de conquêtes en conquêtes. Aujourd'hui, il commence à prendre son essor. La pensée humaine s'élève, nous venons de le voir, au-dessus du monde physique et plonge dans les vastes régions du monde psychique, où l'on commence à entrevoir le secret des causes, la clé de tous les mystères, la solution des grands problèmes de la vie, de la mort et de la destinée.

Nous n'oublions pas les railleries dont ces études ont été l'objet au début, ni combien de critiques visent encore ceux qui, courageusement, persévèrent dans ces recherches, dans ces relations avec l'invisible. Mais n'a-t-on pas raillé, même au sein des sociétés savantes, bien des découvertes qui, plus tard, se sont révélées comme autant de vérités éclatantes ! Il en sera de même de l'existence des Esprits.

L'un après l'autre, les hommes de science sont obligés de l'admettre, et souvent à la suite d'expériences destinées à en démontrer le peu de fondement. Sir W. Crookes, le célèbre chimiste anglais, dont ses compatriotes font l'égal de Newton, fut de ceux-là. Citons aussi Russell Wallace, O. Lodge ; Lombroso, en Italie ; les docteurs Paul Gibier et Dariex, en France ; en Russie, le conseiller d'Etat Aksakof ; en Allemagne, le baron du Prel et l'astronome Zöllner[2]

L'homme sérieux qui se tient à distance égale d'une crédulité aveugle et d'une non moins aveugle incrédulité, est obligé de reconnaître que ces manifestations ont eu lieu dans tous les temps. On les trouvera à toutes les pages de l'histoire, dans les livres sacrés de tous les peuples, aussi bien chez les voyants de l'Inde, de l'Egypte, de la Grèce et de Rome, que chez les médiums de nos jours. Les prophètes de Judée, les apôtres chrétiens, les druidesses de la Gaule, les inspirés des Cévennes à l'époque de la guerre des Camisards, tirent leurs révélations de la même source que notre bonne Lorraine.

La médiumnité a toujours existé, car l'homme a toujours été esprit, et cet esprit s'est ouvert, à toutes les époques, une trouée sur le monde inabordable à nos sens ordinaires.

Constantes, permanentes, ces manifestations se produisent dans tous les milieux et sous toutes les formes, depuis les plus communes, les plus grossières, comme les tables tournantes, les transports d'objets sans contact, les maisons hantées, jusqu'aux plus délicates et aux plus sublimes, telles que l'extase ou les hautes inspirations, et cela, suivant l'élévation des Intelligences qui interviennent.

Abordons maintenant l'étude des phénomènes qu'on rencontre en grand nombre dans la vie de Jeanne d'Arc. Il convient tout d'abord de le remarquer : c'est grâce à ses facultés psychiques extraordinaires, qu'elle put acquérir un ascendant rapide sur l'armée et le peuple. On la considérait comme un être doué de pouvoirs surnaturels. Cette armée n'était qu'un ramassis de soldats d'aventure, de routiers mus par l'amour du pillage.
Tous les vices régnaient sur ces troupes sans discipline et toujours prêtes à se débander. C'est au milieu de ces soudards sans retenue, sans vergogne, que devait vivre une jeune fille de dix-huit ans. De tels rustres, qui ne respectaient pas même le nom de Dieu, il lui fallait faire des croyants, des hommes disposés à tout sacrifier pour une noble et sainte cause.

Elle sut accomplir ce miracle. On l'accueillit d'abord comme une intrigante, comme une de ces femmes que les armées traînent à leur suite. Mais son langage inspiré, ses moeurs austères, sa sobriété et les prodiges qui s'accomplirent bientôt autour d'elle, en imposèrent vite à ces imaginations frustes. L'armée et le peuple étaient tentés aussi de la regarder comme une sorte de fée, de sorcière. On lui donnait les noms de ces formes fantastiques qui hantent les sources et les bois.

Sa tâche n'en devenait que plus difficile à remplir. Il lui fallait se faire à la fois respecter et aimer comme un chef ; il lui fallait obliger, par son ascendant, ces soudards mercenaires à voir en elle une image de cette France, de cette patrie qu'elle voulait constituer.

Par ses prédictions réalisées, par les événements accomplis, elle leur inspira une confiance absolue. Ils en arrivèrent presque à la diviniser ; sa présence était pour eux une garantie du succès, un symbole de l'intervention céleste. L'admirant, s'attachant à elle, ils lui devinrent plus fidèles que le roi et les grands. A sa vue, toutes les pensées, tous les sentiments malveillants se taisaient pour faire place à la vénération. ..
à suivre . . . .



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