![[Cinemania] Mohican Frédéric Farrucci](https://mespetitesvues.wordpress.com/wp-content/uploads/2024/11/mohican_cinemania-2024.jpg?w=1024&h=429&crop=1)
L'histoire: Joseph (Alexis Manenti), l'un des derniers bergers du littoral corse est aux prises avec un groupe criminel qui voudrait s'approprier son terrain en vue d'y installer un complexe immobilier. Amoureux de son métier, le trentenaire refuse de céder au chantage. Par accident, il tue un mafieux qui était venu l'intimider. Il prend la fuite. Dans les jours qui suivent, Vannina, sa nièce (Mara Taquin), organise sa légende sur les réseaux sociaux. Surnommé le " mohican ", il devient aux yeux des habitants l'incarnation de la résistance face à un ennemi sans vergognes, prêt à tout pour le faire plier.
Passages à Cinemania: les 11 et 13 novembre 2024
Mon avis
En 2020, Frédéric Farrucci nous avait épaté avec La nuit venue, son premier long métrage de fiction en forme de polar à l'ancienne campé dans un Paris nocturne tenaillé par la mafia chinoise. Pour , son deuxième long métrage, il change radicalement de décor, mais l'organisation criminelle qui le préoccupe, en l'occurrence la mafia corse, est toujours aussi intraitable et déterminée. Ses héros ne changent pas non plus, ils ont toujours le coeur pur et semblent plus que jamais dépassés par les événements.
Le moins que l'on puisse dire est qu'en dépit d'un matériau déjà bien connu, Farrucci a le don de créer des atmosphères prenantes dans des lieux peu usités. Il met en scène avec autorité un solide suspense rural troquant les rues crasseuses et les restos miteux de la capitale française pour une modeste bergerie familiale de l'île de beauté en plein milieu des herbages verdoyants baignés de soleil.
Avec un grand respect pour les conventions du genre, qu'il ne cherche pas à réinventer, mais qu'il suit à la lettre, il déploie une traque haletante se résolvant en 87 petites minutes, générique inclus. À l'instar de ses homologues hollywoodiens de jadis, Farrucci ne gaspille aucune scène et n'ajoute à son histoire rien de superflu. En outre, j'ai trouvé le film très judicieux parce qu'il montre - et c'est étonnement assez peu fréquent - une vraie et crédible utilisation de la force des réseaux sociaux, montrés ici comme un outil de résistance collective face à un oppresseur qui se croit tout permis.
Au passage, Le Mohican pose aussi les bases à une réflexion plus large concernant la survivance des petites exploitations agricoles, souvent obligées de céder leurs terres pour faire sortir de terre une économie du tourisme qui n'a rien d'authentique et qui, de toute façon, ne profitera qu'à quelques personnes. Un message social pertinent - quoique peu nouveau - qui donne une raison essentielle à la lutte du protagoniste devenu héros local au fil de sa course en avant.
Au Québec, nous n'aurons probablement pas la chance de voir une sortie en salle puisqu'il n'a pas encore de distributeur. Pour mes lecteurs français, sachez que Le Mohican sort chez vous le 12 février 2025. C'est un rendez-vous.
