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[Cinemania] Heureux gagnants de Maxime Govare et Romain Choay

Par Mespetitesvues
[Cinemania] Heureux gagnants Maxime Govare Romain Choay

L'histoire: Quatre histoires sans lien direct relatant les mésaventures cocasses ou dramatiques survenant à divers citoyens français après qu'ils aient gagné plusieurs millions d'euros à la loterie nationale. Un père de famille se retrouve en prison après avoir décroché le gros lot, une jeune femme naïve qui vient de décrocher la timbale se laisse embobiner par un bellâtre, trois islamistes sur le point de commettre un acte terroriste changent de plan après avoir appris que l'un d'eux est à la tête d'une belle fortune, une équipe de soignants mettent la main sur un billet gagnant ne leur appartenant pas.

Comédie - France - 2024 - 1h43 - Avec: Audrey Lamy, Fabrice Eboué, Anouk Grinberg, Pauline Clément, Sami ­Outalbali.

Passages à Cinemania: les 8 et 15 novembre 2024 - Sortie en salle au Québec: 6 décembre 2024 (Axia Films)

Mon avis

Farce à l'humour noir parfois féroce, Heureux gagnants se pare d'une forme directement inspirée de la comédie à sketchs européenne des années 1950-1960, un genre totalement passé de mode. Le traitement caustique et décalé évoque pour sa part l'humour froid et placide des comédies anglaises de la même période. En voyant ces gens ordinaires aveuglés par la cupidité au point d'en perdre la raison, on pense aussi beaucoup à L'argent de la vieille (Lo scopone scientifico, Luigi Comencini, 1972), chef d'oeuvre en matière de bêtise humaine.

Il y a donc plusieurs belles références dans ce long métrage de Maxime Govare (acteur, scénariste et coréalisateur de comédies populaires, dont les fameuses Crevettes pailletées) et Romain Choay (coscénariste desdites crevettes). L'intérêt procuré par Heureux gagnants va toutefois un peu plus loin que son cadre cinéphilique. Govare et Choay s'attaquant en effet sans vergogne à des thèmes délicats sur un ton que le drame ne permettrait peut-être pas. Certains sujets sont universels et permettent une approche relativement légère (la lutte des classes, les relations hommes-femmes), d'autres, comme le terrorisme islamique (l'épisode le plus grinçant et le plus jouissif des quatre) ou le traitement réservé aux aînés esseulés, sont plus contemporains et beaucoup moins propices à la rigolade.

L'amalgame ne tient évidemment que sur un fil assez ténu. Le manque d'unité est palpable puisque les récits n'ont pas de dénouement choral. D'un point de vue dramatique, c'est dommageable, mais c'est le principe du film à sketchs. Cependant, même si la majeure partie des rebondissements est totalement irréaliste, on ne décroche jamais.

Le montage astucieux tendant vers une certaine unité (coupée en deux, la première histoire enchâsse les trois autres), est aussi à souligner. Les sketchs étant suffisamment longs, on a le temps de s'intéresser aux personnages, ce qui n'est pas souvent le cas dans ce genre d'exercice.

Bref, Heureux gagnants ne révolutionne rien et ne restera pas très longtemps pas en mémoire, mais c'est sans conteste un divertissement instantané assez plaisant à voir.


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