Magazine Beaux Arts
Il est toujours des lieux étonnants désertés des touristes, qui s'appellent encore musée ethnographique dans des villes où l'on ne s'arrêtent pas.
C'était le cas ici, à Mataram, où l'espace d'une matinée, j'étais devenue bête curieuse, objet d'étude anthropologique par ma présence même, presque incongrue, d'une Européenne en ces lieux déserts.
Les statistiques par zone géographique allaient exploser ! Quant à demander la clef pour visiter la salle des trésors, je vis dans les yeux du gardien une mélange d'étonnement et de fierté...
Les trésors en question consistaient essentiellement en de superbes kriss aux pommeaux finement ciselés mais exposés avec si peu de lumière que de grands flous incorrigeables et nullement artistiques, m'empêchent de les dévoiler...
Des masques propres au peuple Sasak ornent quelques vitrines, représentatifs du théâtre traditionnel satirique Amaq Abir ou Amaq Darmi... avec toute l'expressivité que les masques indonésiens savent reproduire.
Dans des vitrines un peu froides, de nombreux objets (vaisselle, bijoux...) témoignent encore de la splendeur du sultanat de Bima de l'île de Sumbawa, une région riche d'épices et un relais incontournable pendant des siècles entre l'Ouest de l'Indonésie et les Moluques.
Quelques dioramas et des vitrines où des mannequins figés exhibent les costumes de mariés de Bali, Lombok, Bima, Sumbawa tentent d'apporter quelques touches de couleur à l'ensemble.
Il n'en demeure pas moins que de petits objets posés çà et là dans le fond de vastes vitrines, figuraient parmi mes préférés
...comme si un trésor avait été abandonné là par négligence et que le comble de l'orgueil pouvait me faire croire que j'allais les identifier comme tels ! Tout au moins pouvais-je les apprécier avec les yeux de celui qui découvre. N'était-ce pas déjà là une grande richesse qui m'était offerte ?
Photos de l'auteur.