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Quand John Lennon a dédié une chanson poignante à Ringo Starr

Publié le 07 décembre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

Le lien profond unissant les Beatles ne se limitait pas à une simple complémentarité artistique. Malgré les divergences créatives, les tensions internes et l’épuisement psychologique lié à la gloire fulgurante du groupe, une affection sincère et mutuelle liait John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Parmi ces relations, celle entre Ringo et John se distingue par un mélange de complicité malicieuse, d’humour potache et d’empathie constante.

Sommaire

Un trait d’union entre leurs personnalités

Durant la période effervescente des Beatles (1962-1970), John et Ringo partagent un sens de l’humour particulier, souvent absurde, hérité de leur milieu ouvrier et de la tradition comique britannique. Au sein du groupe, John, farceur souvent irrévérencieux, trouve en Ringo, plus discret mais non moins moqueur, un compagnon de plaisanteries. De l’époque du Cavern Club jusqu’à l’apothéose de la Beatlemania et l’aventure psychédélique de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, les deux musiciens maintiennent un lien fait de taquineries mutuelles, souvent perçues par les observateurs comme un signal de cohésion interne.

« Grow Old With Me » : l’ultime pensée pour Ringo (1980)

Après la séparation des Beatles en 1970, chacun poursuit sa route. Lennon se retire une première fois de la scène publique en 1975 pour se consacrer à sa vie de famille avec Yoko Ono et leur fils Sean. En 1980, il revient en studio pour enregistrer Double Fantasy (paru en novembre 1980) et travailler sur de nouveaux titres destinés à l’album posthume Milk and Honey (1984). C’est durant cette ultime phase créative, à l’automne 1980, quelques semaines seulement avant son assassinat le 8 décembre, qu’il enregistre une démo de « Grow Old With Me ».

Au début de cette cassette, Lennon glisse cette phrase simple et bouleversante : « Celle-ci est pour Ringo. » Bien que la chanson elle-même ne soit pas spécifiquement dédiée à la carrière du batteur, cette simple mention souligne la place que Ringo occupait encore dans son esprit à la toute fin de sa vie. Pour Ringo Starr, longtemps incapable d’écouter la bande sans être submergé par l’émotion, cette attention posthume s’est transformée en une forme de réconfort. Avec le temps, Ringo a fini par enregistrer sa propre version de « Grow Old With Me » (qui figure sur son album What’s My Name, sorti en 2019), en invitant Paul McCartney à y participer. Ce faisant, il a réuni au moins deux des anciens Beatles pour honorer la mémoire de John et sceller à nouveau leur fraternité musicale.

Les inquiétudes de John pour le destin de Ringo

John Lennon, dans ses interviews post-Beatles, exprimait régulièrement son estime pour le talent de ses anciens camarades. Concernant Paul, il n’avait aucun doute qu’il réussirait brillamment. Il était également persuadé que George Harrison avait trouvé sa voie artistique, dépassant son rôle de troisième compositeur au sein des Beatles. Mais Lennon se montrait plus préoccupé pour Ringo. Dans un entretien datant du milieu des années 1970, il déclarait : « Je suis heureux que tout le monde s’en sorte, mais je suis encore plus heureux pour Ringo parce que je savais que Paul s’en sortirait, je savais que George avait trouvé son créneau. Ringo était celui dont j’étais le plus inquiet, mais il va très bien. »

Cette inquiétude s’est avérée infondée : Ringo obtint un succès solo inattendu dès 1973 grâce à son album Ringo, qui contenait des tubes comme « Photograph » et « You’re Sixteen (You’re Beautiful and You’re Mine) ». Il parvint même à décrocher un numéro un en solo avant George et Paul, ce qui, dans une certaine mesure, aurait rassuré John. Ainsi, malgré la dislocation du groupe, les anciens Beatles continuaient de garder un œil sur le parcours les uns des autres, trahissant un lien plus puissant que de simples partenaires musicaux.

Le choix de Ringo : « Scared » et la vulnérabilité de Lennon (1974)

Au-delà de « Grow Old With Me », d’autres chansons de Lennon résonnent profondément chez Ringo. Lorsqu’il s’est agi de sélectionner ses morceaux préférés pour iTunes, Ringo a été pris d’une vive émotion en évoquant « Scared », un titre extrait de l’album Walls and Bridges (1974). Composé pendant la séparation temporaire de John et Yoko, ce disque marqué par la douleur et l’incertitude dévoile un Lennon vulnérable, effrayé par la perspective de perdre la femme qu’il aime.

« Scared » est un titre introspectif où John apparaît isolé, anxieux, cherchant un réconfort intime. La chanson inclut un discret hommage à ses influences, notamment à Bob Dylan avec une référence à « Like a Rolling Stone », et Jim Keltner y livre une partie de batterie rappelant le style de Ringo. Pour le batteur, entendre Lennon sans les Beatles, seul face à ses démons intérieurs, est une expérience saisissante. Ringo, s’exprimant avec émotion, a reconnu que ce morceau le touchait profondément, renvoyant à l’homme derrière le mythe, à l’ami en quête de soutien.

Des trajectoires séparées, un lien indéfectible

La séparation des Beatles en 1970 a laissé place à des carrières individuelles souvent brillantes, parfois inégales. Lennon, assassiné en 1980, demeure une figure tragique dont l’absence n’a fait que renforcer l’aura. Harrison, disparu en 2001, est depuis salué comme un artisan du renouveau spirituel de la pop. Paul McCartney a poursuivi une carrière ininterrompue, tandis que Ringo Starr, malgré les doutes initiaux de Lennon, a su forger sa propre légende grâce à une présence scénique constante, des albums réguliers et une capacité à rester proche du public.

En repensant à la relation entre Ringo et John, on mesure à quel point les liens humains formaient la base solide sur laquelle s’est érigée la grandeur des Beatles. Au-delà des mélodies inoubliables et de la révolution culturelle qu’ils ont menée, ces quatre jeunes hommes de Liverpool partageaient une affection sincère, teintée de respect mutuel, d’espièglerie et de complicité indissociable de leur musique. Les gestes, les mots, les dédicaces discrètes de Lennon envers Ringo, et l’émotion sincère du batteur en découvrant ces attentions des années plus tard, montrent qu’au fond, l’héritage des Beatles ne repose pas uniquement sur leurs innovations artistiques, mais aussi sur la fraternité, la tendresse et la bienveillance qui les unissaient.

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