
Mise à jour le 12/12/2024 par Angry Mum
Bienvenue dans le merveilleux monde du marché du travail, ce grand théâtre où employeurs désespérés et candidats désabusés jouent un éternel ping-pong. D'un côté, on nous bombarde de chiffres sur les milliers d'emplois non pourvus. De l'autre, le nombre de chômeurs reste aussi constant que la popularité des séries Netflix. La question du jour : mais pourquoi donc personne ne veut bosser ?
" Personne ne veut travailler " : vraiment ?
Ah, le fameux refrain : " les gens ne veulent plus travailler ". L'argument préféré de certains patrons et éditorialistes du dimanche. Mais allons plus loin, analysons. Pourquoi ne voudrait-on pas sacrifier 35 à 50 heures de sa vie chaque semaine pour un salaire qui couvre à peine le loyer ?
Le refus de travailler, c'est peut-être moins une flemme collective qu'un raz-le-bol généralisé. Pourquoi se lever à l'aube pour un job payé au lance-pierre, sans perspective d'évolution, et où on vous traite comme une ressource interchangeable ? Et ne parlons même pas des conditions de travail parfois dignes d'un épisode dystopique de Black Mirror.
Les bullshit jobs : l'autre face de la médaille
Mais attention, les emplois non pourvus ne se limitent pas aux jobs physiques mal payés. Non, non, dans cette grande farce, on retrouve aussi des offres pour des postes de chargé de mission innovation transversalité (ça veut dire quoi ? Personne ne sait), ou encore d'assistants divers et variés, avec des missions dignes d'un escape game bureaucratique.
Ces fameux bullshit jobs décrits par David Graeber : ces boulots tellement inutiles que même ceux qui les occupent n'arrivent pas à expliquer à quoi ils servent. Pas étonnant que ces postes peinent à trouver preneur. Qui a envie de passer ses journées à remplir des tableaux Excel qui finiront à la corbeille, ou à organiser des réunions où la moitié des participants ne viennent pas ?
La grande démission : une révolution douce
En parallèle, il y a la grande démission, ce mouvement venu tout droit des États-Unis, où des millions de salariés ont décidé de claquer la porte. Marre des jobs ingrats, des managers toxiques et de la sensation de perdre sa vie à la gagner. Et ça fait tâche d'huile en France, où l'on voit de plus en plus de travailleurs fuir les entreprises, non pas pour ne rien faire, mais pour reprendre le contrôle de leur vie.
Les gens se reconvertissent, se lancent en freelance, ou choisissent tout simplement de consommer moins pour travailler moins. Une forme de révolution silencieuse, loin des barricades, mais tout aussi puissante.
Salaires, reconnaissance, et sens au travail : le trio manquant
Revenons à notre problème initial : ces milliers d'offres qui ne trouvent pas preneurs. La solution ? Ce n'est pas sorcier : augmentez les salaires, améliorez les conditions de travail, et surtout, donnez du sens aux missions. Parce que oui, en 2024, on ne se contente plus d'un " tu prends le job et tu te tais ". Les gens veulent savoir pourquoi ils se lèvent le matin.
Et la reconnaissance ? Elle est souvent aussi absente que les trains à l'heure. Alors qu'elle ne coûte rien (ou presque). Un simple " merci ", des opportunités d'évolution, ou juste un manager qui vous traite comme un humain, ça fait des miracles.
Tout le monde y perd, mais surtout les entreprises
Au final, cette situation où des postes restent vides et des candidats restent sur le carreau, c'est un jeu perdant-perdant. Les entreprises pleurent sur leur productivité en berne, pendant que les travailleurs désillusionnés quittent le navire ou stagnent dans des emplois précaires.
Et si on essayait autre chose ? Plutôt que de chercher à " rééduquer " les travailleurs avec des leçons sur la valeur de l'effort (spoiler : ça ne marche pas), pourquoi ne pas repenser le travail en lui-même ? Et si on créait des emplois utiles, décemment payés, avec des conditions dignes et une vraie valorisation ?
Le problème, ce n'est pas " les gens "
Dire que personne ne veut travailler, c'est un peu comme accuser le thermomètre quand il fait froid. La vérité, c'est qu'on est face à un système de travail cassé. Les employés ne demandent pas la lune, juste un peu de dignité et de respect. Si les entreprises ne veulent pas l'entendre, qu'elles ne s'étonnent pas de voir leurs annonces rester sans réponse.
Alors, à vous les recruteurs, un conseil : cessez de jouer les victimes et commencez à regarder ce que vous proposez vraiment. Peut-être que le problème, ce n'est pas le " manque de main-d'œuvre ", mais ce que vous mettez sur la table.
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News
