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Enfermééééés… Déchaînééééés…

Publié le 14 décembre 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
Enfermééééés… Déchaînééééés…

Critique de Chateau en Suède, de Françoise Sagan, vu le 4 décembre 2024 au Théâtre de Poche-Montparnasse
Avec Odile Blanchet, Bérénice Boccara, Gaspard Cuillé, Emmanuel Gaury, Sana Puis, Benjamin Romieux, mis en scène par Emmanuel Gaury et Véronique Viel

Je pense que ma première réaction devant ce spectacle, ce sont les yeux qui s’agrandissent. Je suis tombée dans un endroit étonnant. Je ne m’attendais pas à ce pitch. Je ne m’attendais pas à cette ambiance. Je ne m’attendais à rien de ce que j’ai devant les yeux, à vrai dire, et, mieux encore, je n’ai aucune idée de où ça va me mener. Essayer de rationaliser ne me semble pas la meilleure option. Si je m’essayais à l’exercice, voilà ce que je dirais.

Qu’il s’en passe des choses étranges, dans ce château, en Suède. On joue, on s’amuse et on vit tant que le temps le permet. Avec la légereté d’un conte pour enfant. Ou d’un lieu qui ne vit que quelques mois dans l’année. Il faut dire que la neige va bientôt tomber, bloquant toute possibilité de sortie dans le monde pour plusieurs mois… Il va donc bien falloir s’occuper.

C’est comme si les règles du jeu évoluaient sans qu’on nous les donne. On essaie d’abord de dénouer le vrai du faux. On essaie de comprendre les rapports, les échanges, les non dits. Elle est étonnante, cette écriture. Elle a quelque chose d’Anouilh, de Roussin, de Giraudoux, mais aussi des échos de Musset et de Marivaux, en plus léger. Avec un côté un peu désinvolte, le genre qui ne se prend pas au sérieux et va où il veut au fil de la plume. Il n’y a rien de trop. Ce n’est jamais lourd. C’est très joliment écrit. C’est donc ça, Françoise Sagan ? Je signe rapidement. Très rapidement, je renonce à comprendre, et je me laisse porter.

Et je tombe tête la première dans cette espèce de conte, plein de fantaisie et de féérie. Quelque part entre La Reine des Neiges, Barbe Bleu et Princes et Princesses. Quelque chose de charmant, somme toute, où l’on ne peut s’empêcher d’évoluer avec un léger sentiment de malaise. Comme dans tout conte léger en apparence, il y a de la noirceur. Une bizarrerie flotte dans l’air. Un peu comme cette impression étrange qui nous prend lorsque, passant du jeu à la réalité, on réalise ce qu’il vient de se passer et une sorte de gêne, mi-honte mi-contrariété, nous envahit. Deux options : on continue de jouer, de faire comme si, ou on se prend le réel de pleine face. Vous auriez choisi quoi, vous ?

Le même bonheur simple que lorsqu’on me racontait des histoires avant de m’endormir.

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© Studio Vanssay

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