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« Nowhere Man » : quand les Beatles initient le renouveau psychédélique

Publié le 16 décembre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

On trouve un peu de tout dans le catalogue desBeatles, au point qu’il est rare qu’un morceau ne touche pas au moins une frange du public. Même si certains pensent que leurs meilleures chansons se concentrent sur un seul album, il y a toujours un titre des Fab Four capable de séduire les amateurs de musique les plus occasionnels. Et bien qu’il soit difficile de trouver une chanson qui résume l’ensemble de leur carrière, « Nowhere Man » contient de nombreux éléments clés qui ont défini leur parcours.

Au moment où le groupe enregistre ce morceau, il commence à prendre ses distances avec les contraintes de la célébrité. Ces dernières années, lesBeatlessont devenus l’un des plus grands groupes du monde. Alors qu’ils considéraient encore le studio comme une simple escale entre deux tournées, ils apprenaient aussi à l’utiliser comme un instrument à part entière.

Alors que la plupart des chansons de leurs films avaient encore pour but de correspondre à leur image de jeunes garçons coiffés de moptop,Rubber Soulmarque la première occasion pour le public de découvrir une autre facette de leur musique. Bien que « We Can Work It Out » soit souvent considéré comme le modèle de ce à quoi devrait ressembler un morceau desBeatles, il n’atteint pas encore la profondeur et la singularité de « Nowhere Man ».

Oui, on y retrouve l’équilibre entre l’optimisme dePaul McCartneyet le cynisme deJohn Lennon, mais les images surréalistes ne sont pas encore au rendez-vous. À l’origine, Lennon ne pensait même pas que « Nowhere Man » puisse devenir une chanson. Pourtant, c’est en luttant contre le syndrome de la page blanche chez lui qu’il a commencé à s’exprimer de manière autobiographique pour l’une des premières fois sur un disque.

« Help! » était selonLennonsa première chanson vraiment personnelle, mais l’image de quelqu’un vivant comme un vide dans sa propre vie est bien plus poignante et artistique que ses créations précédentes. On pourrait même y voir les prémices des visions psychédéliques qui allaient définir la suite de leur carrière, avec le personnage de « Nowhere Man » préfigurant ceux de « Mr. Kite », « Polythene Pam » ou encore « The Walrus ».

Les marqueurs sonores de cette évolution musicale ne sont pas encore tous présents, mais comparé à leurs débuts, il se passe quelque chose de différent ici. Qu’il s’agisse de la façon dontLennonetGeorge Harrisonjouent le solo de guitare en synchronisation ou de l’enchevêtrement des harmonies, c’est la première fois que le goût deLennonpour les sonorités étranges commence à influencer la musique. Les harmonies vocales sont toujours aussi précises, mais la sonorité globale est nettement différente.

Et malgré tous ces moments forts, une question demeure : quel est le refrain de cette chanson ? On pourrait dire que la section « Please listen » en tient lieu, mais même cette partie semble plus conçue pour instaurer une tension avant de revenir au couplet. Dans leur approche de la construction musicale, lesBeatless’inspirent du schéma ABAB traditionnel tout en modernisant leur son.

Bien que n’étant qu’une chanson d’album à l’époque, « Nowhere Man » marque un tournant décisif. D’autres morceaux du même disque, comme « Norwegian Wood » et « In My Life », sont objectivement plus aboutis, mais en termes d’audace, « Nowhere Man » est le début de leur exploration visant à condenser toutes leurs idées uniques dans un seul morceau, tout en conservant le côté accrocheur de leurs premiers titres.

Il est aussi difficile d’oublier ce qui viendra ensuite, notamment lorsque la guitare utilisée pour le solo deviendra la légendaire « Rocky » peinte en psychédélique, queGeorge Harrisonutilisera pour jouer des morceaux comme « All You Need is Love ». On peut utiliser des milliers de mots pour décrire le son desBeatles, mais peu importe la manière de l’aborder, on finit souvent par parler de ce morceau sans même s’en rendre compte.

https://www.youtube.com/watch?v=8scSwaKbE64


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