Quatrième de couverture :
La cinquantaine plutôt revêche, Amy Wingate vit seule dans une étroite bicoque victorienne du bord de mer. Pour chasser ses idées noires, elle s’arme de son journal intime et dissèque la vie des autres. D’abord, il y a cet imbroglio sentimental autour de Francesca et Simon, couple de trentenaires légèrement ridicules qui se piquent d’offrir à Amy une vie sociale. Puis, cette complicité qui la lie à Gary, un jeune voleur à l’étalage. Amy observe, écoute, retranscrit. Affronte ses vieux démons et, mine de rien, remet tout le monde dans le droit chemin. Comment fait-elle ? Il n’y a qu’à lire par-dessus son épaule pour le savoir.
J’ai beaucoup aimé ce roman (j’avais envie d’un bon bonbon anglais fin novembre, je n’ai pas été déçue). Amy Wingate écrit son journal intime sur les conseils de son médecin, pour trouver les racines d’une colère intérieure sourde. D’abord j’ai adoré la maison victorienne d’Amy en bord de mer, son ton ironique quand elle décrit le couple « parfait » formé par ses amis Francesca et Simon (on se demande pourquoi elle les fréquente toujours), le soin animé qu’elle met à retranscrire ses journées et leurs différentes activités. Et puis j’ai été un brin intriguée par la violence avec laquelle elle entre en contact avec le jeune Gary, et ensuite admirative – et même émue – du soin qu’elle prend de lui, comme pour se racheter. Mais de quoi Amy doit-elle se racheter exactement ? C’est ce que l’on découvre au fil du journal intime, au fil de ce roman qui se lit tout seul.
Le choix narratif fonctionne évidemment très bien puisque c’est Amy qui nous révèle progressivement son passé. J’ai peut-être beaucoup aimé ce roman parce que je me suis reconnue (jusqu’à un certain point) dans le personnage de cette ancienne prof qui aime et protège sa solitude (mais est capable de remplir ses obligations sociales – bien mieux que moi haha). Je recommande cette lecture bien menée !
« Mes souvenirs sont stockés loin dans la remise de mon esprit, certains faits y sont rangés proprement, d’autres jetés pêle-mêle, d’autres encore enterrés sommairement. Comment ne pas voir la fascinante ressemblance entre mon état d’esprit et le grenier au-dessus de ma tête ? »
« L’emploi du mot « petite » est une autre de ses façons –sans doute inconsciente- de maintenir sa supériorité. Une « petite dame » lui confectionne des vêtements sur mesure et un « petit monsieur » vient entretenir son jardin. La « petite femme » du magasin du village « l’adore »….. .Le monde de Francesca est peuplé de nains. »
« Francesca et Simon offrent désormais une belle imitation des pages du magazine La vie à la campagne, par opposition à La vie rurale. La vie à la campagne, c’est la vie rurale sans la boue, les bottes sales et les poils de chien. »
Willa MARSH, Le journal secret d’Amy Wingate, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Eric McComber, J’ai lu, 2014 (Editions Autrement, 2010)
