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La dernière chanson jouée par les Beatles en live : un mystère à deux réponses

Publié le 17 décembre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

Quand on plonge dans l’histoire des Beatles, plus on creuse, plus tout semble incertain. À chaque question, il semble exister plusieurs réponses. Qui était le « cinquième Beatle » ? Selon à qui vous le demandez, cela pourrait être George Martin, Brian Epstein ou Billy Preston. Quel était leur premier single ? Cela dépend si vous parlez des États-Unis ou du Royaume-Uni. Et à quel moment le groupe a-t-il vraiment cessé d’exister ? N’en parlons même pas. En fin de compte, une seule chose est sûre : Paul McCartney était là. Enfin… à moins que vous ne soyez sensible à la théorie du « Paul est mort » !

Blague à part, l’attention constante portée aux Fab Four dans les années 1960, et leur succès monumental, ont généré un tourbillon de récits et de légendes, compliquant la moindre question sur leur parcours. Même une interrogation en apparence simple, comme « Quelle a été la dernière chanson jouée par les Beatles en concert ? » peut déboucher sur des débats passionnés.

La dernière chanson en concert officiel ? ‘Long Tall Sally’ à Candlestick Park

Pendant longtemps, la réponse la plus admise fut « Long Tall Sally », interprétée lors de leur dernier concert payant à Candlestick Park, à San Francisco, le 29 août 1966. En cette fin d’été 1966, les Beatles étaient épuisés par des tournées harassantes, un public hystérique et des conditions sonores pitoyables. De surcroît, les récents propos de John Lennon sur la popularité des Beatles, les présentant comme « plus populaires que Jésus », avaient provoqué l’ire de nombreux chrétiens conservateurs, en particulier aux États-Unis. Le climat était tendu, voire hostile.

Au Japon, un peu plus tôt, les Beatles avaient eu l’opportunité de réellement s’entendre jouer pour une rare fois (lors d’un concert dans un espace fermé et plus intime) et n’avaient pas apprécié ce qu’ils avaient entendu. Le groupe, déjà en pleine évolution artistique, en conclut que les tournées ne leur apportaient plus rien. Honorer les derniers engagements en Amérique leur semble une formalité, puis ils se retireront définitivement de la scène. Ce qu’ils font à Candlestick Park. Dans le chaos et les hurlements habituels, ils bouclent cette dernière tournée par « Long Tall Sally », un retour aux sources rock ‘n’ roll, même si la qualité sonore reste médiocre. Cela fut longtemps considéré comme le dernier morceau joué par les Beatles en public lors d’un concert officiel.

L’autre candidat : la performance sur le toit de l’Apple Corps en 1969

Et pourtant, il existe une autre réponse à cette fameuse question. Car les Beatles ont effectué un ultime « concert » en janvier 1969, cette fois-ci sans public payant, sans stade, mais à la surprise générale, sur le toit de leur immeuble Apple Corps, dans Savile Row, à Londres. Ce concert impromptu, rendu mondialement célèbre par le film « Let It Be » et plus récemment par le documentaire « The Beatles: Get Back » de Peter Jackson, est l’un des moments les plus iconiques de l’histoire du rock. À la mi-journée du 30 janvier 1969, les Beatles grimpent sur ce toit pour jouer quelques-unes de leurs nouvelles chansons, face à un public incrédule dans la rue, et sous le regard suspicieux de la police londonienne.

Le résultat est un happening à l’état brut, une quarantaine de minutes d’un rock sans artifices, malgré le froid et l’inconfort. Ce concert improvisé, cousu de fils blancs, se termine lorsque la police, lassée du vacarme surplombant le quartier, intervient pour mettre un terme à la performance. C’est dans ce contexte, beaucoup plus légendaire et filmé, que se trouve le véritable dernier morceau jamais joué live par les Beatles : « Get Back ». À mesure que la police monte sur le toit, l’ambiance se tend, et les Beatles, conscients que l’heure est venue de s’arrêter, terminent leur chant du cygne avec ce titre symbolique.

Deux réponses, deux époques, deux visions

Ainsi, selon les critères choisis, on obtient deux réponses différentes. Si l’on parle du dernier concert officiel payant, face à une foule de fans déchaînés, c’est « Long Tall Sally » à Candlestick Park. Si l’on considère n’importe quelle performance publique, même inattendue et gratuite, c’est « Get Back » sur le toit de l’immeuble Apple Corps. « Get Back » est par ailleurs un choix hautement symbolique, un morceau composé alors que les Beatles cherchaient à revenir à leurs racines rock après s’être perdus dans des constructions plus élaborées en studio. Cette coda sur le toit est un adieu au monde de la scène, de l’improvisation, de la camaraderie, une façon de dire : « Voilà comment tout a commencé, et ainsi tout s’achève. »

L’une ou l’autre de ces réponses illustre la complexité de l’histoire des Beatles. Rien n’est jamais simple quand il s’agit de ce groupe : dates, line-ups, tournées, déclarations controversées, tout prête à débat et à interprétation. Cette ambiguïté n’est pas un défaut, mais un reflet de la richesse de leur parcours, du mythe qui les entoure et des innombrables facettes de leur légende. Les Beatles n’ont pas seulement redéfini la musique pop, ils ont aussi engendré un champ d’étude et de débat sans fin, où la moindre question peut se décliner en multiples réponses.

Au final, peu importe vraiment quelle chanson peut prétendre au titre de « dernière jouée en live ». Ce qui compte, c’est l’impact éternel de leur musique, la manière dont, des décennies plus tard, ils continuent de fasciner. Candlestick Park ou le toit d’Apple Corps, peu importe le lieu ou la nature du concert final, les Beatles ont commencé en jouant du rock ‘n’ roll brut dans des clubs hambourgeois, et ils ont fini, quelques années plus tard, en pleine rue, sur un toit, à la vue de tous, sans annonce préalable. Cette trajectoire, ponctuée de success stories, d’expérimentations musicales et de controverses, fonde l’inaltérable réputation du plus grand groupe de rock du monde.


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