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Réalisons enfin la paix de Dayt

Publié le 02 septembre 2008 par Hrvatska

Réalisons enfin la paix de Dayton

Bojan Bajic, le président du parti bosno-herzégovinien Nasa Stranka fondé il y a peu : Il n'existe qu'une seule façon de faire bouger les choses, et c'est que tous acceptent inévitablement Dayton. A Dayton tous avaient renoncé à leurs objectifs maximalistes, et il n'y a que cela qui puisse servir de point de départ. Le Haut Représentant ne doit intervenir qu'en cas de violation de Dayton, mais alors il doit agir brutalement, en dictateur, et couper toute pareille tentative dès l'origine.

Comment le parti Nasa stranka voit-il la situation en Bosnie-Herzégovine et est-ce qu'il offre une quelconque solution pour sortir de cette situation impossible dans laquelle se trouve le pays ? Nasa stranka a-t-elle quelque proposition portant sur les concertations justement en cours quant aux changements constitutionnels ?

Il n'existe qu'une seule façon de faire bouger les choses dans ce pays, et c'est que tous acceptent inévitablement Dayton. Tous doivent s'en tenir à ce qui avait été signé à Dayton : cela signifie que les Serbes acceptent l'Etat de la Bosnie-Herzégovine ; les Bosniaques la Republika Srpska et les Croates la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine. Cela signifie que les Serbes renoncent à la sécession ; les Bosniaques à un état unitaire ; les Croates à l'Herceg-Bosna. C'est l'option de départ nécessaire, car il n'existe que trois options pour changer cela. Prenons par exemple Silajdzic et Dodik : ils peuvent résoudre leur conflit autour de la Republika Srpska de trois façons. La première façon est que l'un d'entre eux convainque les trois puissances mondiales que sont les USA, la Russie et l'Europe de leur propre position et que ces dernières imposent cette solution. La deuxième façon est de persuader les membres de l'autre peuple, adverse, de voter pour leur option. La troisième est que nous rejetions Dayton et que nous recommencions la guerre. Nasa stranka estime que les trois options sont toutes impossibles.

Il faut savoir qu'à Dayton tous avaient renoncé à leurs objectifs maximalistes, et il n'y a que cela qui puisse servir de point de départ. Tout le reste n'est que de la tactique afin de ne pas traiter du progrès, mais de faire perdurer éternellement l'histoire autour de la constitution. Il est très indicatif que les questions constitutionnelles sont toujours lancées avant les élections. C'est effectivement une brillante tactique, et je trouve même suspect le rôle de la communauté internationale, il est possible qu'elle participe à cela. Par conséquent Dayton est le seul point de départ, et cela personne hormis Nasa stranka n'ose le dire dans ce pays, car ce n'est que grâce à l'histoire autour de la constitution qu'ils sont en mesure d'être au pouvoir.

Autrement dit, le problème principal, treize ans après la signature de l'accord, est que personne ne le respecte mais que toutes les parties tentent de le saper en leur propre faveur ?

Justement ainsi ! Voyez-vous, nous possédons des partis quasi-civiques, par exemple le Parti social-démocrate (SDP), nous possédons de tels partis aussi bien chez les Croates que chez les Serbes. Le problème est que pas même eux ne renoncent aux buts de guerre, et personne ne respecte ce qui a été signé. Les politiciens bosniaques tendent obstinément vers la domination et la suppression de la Republika Srpska ; les politiciens serbes vers la sécession et les Croates vers une troisième entité. Notre position est qu'il faut cesser avec les idées irréalistes. Récemment Holbrooke est passé par ici et il s'est légèrement moqué. Il a déclaré : messieurs, je sais ce que vous voulez tous, et tous vous y avez renoncé pour cause de paix, or vous militez toujours, depuis treize ans déjà, pour des buts de guerre ! C'est totalement irresponsable ! D'abord les corpus nationaux doivent se sentir en sécurité, et ce n'est qu'alors, lorsque les gens seront détendus, que l'on pourra discuter. Voyez-vous, les gens effrayés interprètent la réforme de la police comme une question de vie ou de mort ; alors si l'on s'accorde sur le transfert de la police dans les entités vers l'état, les politiciens bosniaques disent - ça c'est la voie vers la suppression de la Republika Srpska, et si la police reste dans le cadre des compétences des entités, les politiciens serbes disent - nous avons préservé la Republika Srpska ! C'est là un rythme négatif dont il est nécessaire de sortir. Les faux politiciens n'ont de cesse de nous convaincre combien la constitution nous freine, comme si c'était le problème principal. C'est totalement fallacieux ! On ne parle de rien d'autre, il n'y a pas d'économie, il n'y a pas d'écologie, tout juste dix-sept années de stupidités.

Etant donné que le parti Nasa stranka n'a été organisé que depuis quelques mois, dans quelle mesure êtes-vous prêts pour les élections du cinq octobre ? Entrerez-vous dans des coalitions ?

Nous nous présentons aux élections dans quarante-quatre municipalités, dans quatorze municipalités nous avons nos propres candidats comme dirigeants, et nous estimons que cela représente un excellent succès pour un laps de temps aussi court. Nous avons pour souhait de parvenir à trois postes de dirigeant. Le fait est que nous avons envoyé un signal de changements, et les gens viennent à nous par eux-mêmes. Tout cela nous y sommes arrivés sans financement, sans tycoon qui se serait tenu derrière nous. Nous avons pour objectif de devenir un facteur politique dans ce pays. Quant aux coalitions il est encore trop tôt pour en parler, nous n'en avons pas encore discuté pour l'instant. Nous avons eu certaines offres que nous avons refusées, nous estimons qu'il est correct de se présenter indépendamment aux premières élections pour que l'on voie notre force politique.

Avez-vous commenté les débats sur le lancement d'une chaîne de télévision en croate, ce qui est justement d'actualité dans la Fédération en raison du mécontentement manifesté par les Croates envers la Télévision fédérale ?

Il doit exister un droit de principe pour tout peuple à disposer d'un service public dans sa propre langue, et je suis favorable à ce que soit clairement défini. Mais, voyez-vous, on a entendu beaucoup de revendications absurdes, par exemple que la télévision publique doive transmettre tous les matchs dans les trois langues. J'estime qu'au travers des émetteurs publics on peut réaliser l'égalité, mais je ne suis pas favorable à quelque exclusivité que ce soit. Je préconise que la télévision de la Republika Srpska émette également les programmes en trois langues. Nous devons défendre l'égalité, mais sans pour autant avoir recours à la manipulation par des sentiments nationaux.

L'arrestation de Radovan Karadzic ? Nous avons entendu différentes réactions, Dodik a déclaré que cela ne fera que renforcer la Republika Srpska car de ce fait elle s'acquitte de ses dettes, tandis que les politiciens bosniaques ont déclaré que le prochain pas logique est la suppression de la Republika Srpska.

C'est encore un autre exemple où l'on abuse de toute situation politique afin de polariser le peuple sur une base nationale. Ainsi Silajdzic a-t-il manipulé les Bosniaques avant les élections en 2006, en les persuadant que si le Tribunal à La Haye rendait une décision quant au génocide sur les Bosniaques, ce serait la base pour supprimer la Republika Srpska. La constitution ne peut être modifiée que par consensus, et nous avons pour position de ne pas ouvrir ce en quoi il ne peut y avoir d'accord.

Comment Nasa stranka regarde-t-elle le Bureau du Haut Représentant (OHR) ? Faut-il prolonger son mandat et avec quelles attributions, ou bien faut-il le supprimer ?

L'OHR ne doit absolument rien faire, ce n'est pas lui qui peut résoudre nos problèmes. Mais il ne faut en aucun cas le fermer. Il ne doit intervenir qu'en cas de violation de Dayton, mais alors intervenir brutalement, en dictateur, et couper de telles tentatives dès l'origine.

La situation à Sarajevo ? Nous avons eu des manifestations contre la Maire Semiha Borovac en raison de l'insécurité générale qui règne dans la ville. La maire a déclaré ne pas être responsable. Peu de temps après on commence à peindre les trottoirs de Sarajevo en vert...

Il est clair qu'elle ne dispose pas de toutes les attributions, qu'elle ne contrôle pas complètement la situation en matière de sécurité, mais il est tout à fait inadmissible qu'elle ainsi que le Premier ministre du canton déclarent à la télévision qu'ils ne portent pas la responsabilité pour la mort de Denis Mrnjavac. Je pense que tous les deux auraient dû donner leur démission.

La situation dans l'économie ? Récemment un membre de Nasa stranka, le professeur Vjekoslav Domljan, a déclaré que la Bosnie-Herzégovine se trouve au stade de l'économie mercantiliste, quasi moyenâgeuse - certaines élites nationales contrôlent toute l'économie sur le territoire sous leur surveillance.

La situation est complètement catastrophique. Les gens de métier ne sont pas en position de faire quoi que ce soit, les manipulateurs politiques font obstacle à toute politique économique et ils sèment la zizanie entre les gens. Il n'existe aucune stratégie économique, nous n'utilisons pas nos propres ressources, nous les détruisons plutôt ! Peut-être avait-il été possible en Slovénie de débattre si l'OTAN et l'UE leur étaient nécessaires, ici quelque chose de la sorte est superflu. La Bosnie-Herzégovine n'a pas d'autre alternative que la voie européenne, il faut créer le climat qui attirera les investissements. De cela personne ne s'occupe depuis quinze déjà, au contraire les élections se gagnent par la peur ou en créant la peur. Je redoute que si la Bosnie-Herzégovine ne sorte rapidement de cet abîme dans lequel nous nous trouvons, nous ne perdions l'opportunité de jamais en sortir.

Comment résoudre la question de la corruption omniprésente ? Presque aucune institution ne fonctionne comme il faudrait.

C'est dû au fait que le pouvoir ne résout pas la corruption mais qu'il la génère. Nos politiciens ne s'occupent sérieusement d'aucune question. C'est d'autant plus facile à constater si vous suivez leur campagne électorale. De quoi parlent-ils ? De rien !

Commenteriez-vous la possibilité d'un accord entre Karadzic et Holbrooke ?

Je ne sais pas, dans le parti nous avons pour principe de ne pas s'occuper de spéculations.

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Source : h-alter, le 1er septembre 2008.


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