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« La Légende de Gösta Berling » de Selma Lagerlöf

Par Etcetera
Légende Gösta Berling Selma Lagerlöf

J’avais un peu entendu parler de l’écrivaine suédoise Selma Lagerlöf, et de son plus célèbre roman « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède » (1906), figurant jadis parmi les grands classiques de la littérature jeunesse et dont on avait même tiré des dessins animés, dans les années 80, si je ne m’abuse…
Écrivaine très reconnue et respectée à son époque, elle est la première femme à avoir reçu le Prix Nobel de littérature, en 1909.
Lorsque notre cercle de lecture a choisi « La légende de Gösta Berling » – premier livre de cette écrivaine – j’étais contente à l’idée de la découvrir.

Note Pratique sur le livre 

Éditeur : Stock (La Cosmopolite) 
Date de publication initiale : 1891 
Traduit du suédois par André Bellesort
Nombre de pages : 371

Petite note biographique sur l’écrivaine 

Selma Lagerlöf est née en 1858 à Mörbacka, dans le Värmland. Son œuvre littéraire a été couronnée par le Prix Nobel de littérature en 1909. Elle est morte en 1940.
(Source : Editeur)

Présentation du livre par l’éditeur

En 1891, parut pour les fêtes de Noël, à Stockholm,  La légende de Gosta Berling, le roman d’une inconnue de trente-trois ans, qui deviendra quelques années plus tard la première femme à recevoir le prix Nobel de littérature.
Selma Lagerlöf nous y raconte la vie étrange, brutale et quelque peu fantastique d’une petite commune du Vermland, province natale de l’autrice, dans la première moitié du XIXe  siècle. Ses héros sont des paysans, des officiers retraités, des bohèmes, des maîtres forgerons et surtout Gösta Berling, le pasteur défroqué, buveur, joueur, débauché, qui répand autour de lui la joie et la folie de vivre.
À la manière d’un conte de Noël, le roman de Selma Lagerlöf ressemble à une longue veillée où des personnages bourrus, impulsifs, fantasques, viennent chacun raconter leur histoire. Certaines sont hautes en couleur, d’autres plus poétiques et plus douces.
(Source : Site de l’éditeur)

Mon Avis

Ce livre m’a semblé très représentatif du 19è siècle : une écriture lyrique, romantique, des descriptions ciselées, des personnages exaltés, impulsifs, hauts en couleur, portés par de grands sentiments, beaucoup d’aventures, de rebondissements à répétition, des effets de surprise fréquents, un rythme soutenu, vif, qui nous tient en haleine.
Il s’agit d’une légende, d’un conte, où l’imagination débridée de Selma Lagerlöf se déploie dans toutes les directions. On peut penser qu’elle s’est inspirée des contes et légendes suédois – qu’elle a sûrement pu écouter dans sa jeunesse, dans sa région natale, le Värmland. Elle évoque plusieurs fois, dans « La légende de Gösta Berling », les veillées d’hiver (et notamment de Noël) où les petits enfants s’émerveillent à l’écoute de belles histoires.
La présence démoniaque d’un des personnages, nommé Sintram, et l’idée de pactes ou de paris avec le Diable, m’ont également paru très typiques du 19è siècle. J’ai pensé par exemple à certaines diableries des Soirées du Hameau de Nicolas Gogol, un recueil de contes également (mais russes et non pas scandinaves…), sans parler de Faust
C’est assurément un très beau livre, un chef d’œuvre dans son genre, mais j’ai eu du mal à maintenir mon intérêt au-delà des deux cents pages. Peut-être parce que j’aime habituellement les livres assez courts, concentrés sur l’essentiel… Ou peut-être parce que les contes, légendes et autres romans d’aventures ne sont pas mes genres de prédilection et qu’ils finissent par me fatiguer à trop haute dose… Ou peut-être parce que cet univers légendaire, ces héros truculents, ces vengeances, ces malédictions, tout ce folklore scandinave pittoresque étaient trop éloignés de mes préoccupations et de notre monde contemporain…
Enfin, j’ai lu avec plaisir les deux cents premières pages mais j’ai calé. Ce fut plaisant, distrayant, sans temps mort… mais, justement, un peu trop étourdissant à mon goût. Ensuite, mon attention a été attirée vers d’autres lectures qui me faisaient plus envie…
Je conseillerais donc ce livre à des grands amateurs du genre (littératures de l’imaginaire, contes, aventures pour la jeunesse, etc.) ou à des lecteurs très fanatiques de culture scandinave ou des Lettres du 19è siècle…

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Un Extrait Page 156

Il avait saisi la tête de la jeune fille entre ses deux mains et la baisa. Puis les mots expirèrent dans sa gorge, et son cœur battit à rompre. Hélas ! la petite vérole avait passé sur ce beau visage ! La peau était couverte de cicatrices. Jamais plus le sang rose ne transparaîtrait sous le velouté des joues. Jamais plus les veines bleues ne se dessineraient sur les tempes. Les yeux ternis disparaissaient sous de lourdes paupières enflées. Les sourcils étaient tombés et le blanc de l’œil avait jauni. Toute cette beauté, que devait pleurer le gai peuple du Värmland, avait été ravagée.
Un indicible sentiment d’amour envahit l’âme de Gösta Berling. La tendresse jaillissait en lui comme les ruisseaux du printemps. La passion se condensait en larmes dans ses yeux, soupirait sur ses lèvres, tremblait dans ses mains, vibrait dans tout son corps. Oh l’aimer, la défendre, la dédommager ! Mais comment lui parler maintenant de séparation et de sacrifice ? Il ne pouvait plus la quitter ; il lui devait sa vie entière. Il pleurait, l’embrassait et pleurait encore et n’arrivait pas à prononcer un mot.
La vieille garde-malade fut obligée de l’arracher à ces effusions.
Quand il se fut éloigné, Marianne resta longtemps songeuse. « Qu’il est bon d’être aimée ainsi ! » murmura-t-elle. Oui, c’était bon, mais elle, Marianne, que sentait-elle ? Rien, moins que rien. 


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