Sommaire
- Les débuts chaotiques de Wings
- « My Love » : un tube sentimental… et un solo inattendu
- Un moment clé dans la dynamique du groupe
- L’héritage d’un solo devenu incontournable
- L’importance de laisser sa place aux autres
- Un écho à l’équilibre des Beatles
- Cet article répond aux questions suivantes :
Les débuts chaotiques de Wings
Après la séparation des Beatles en 1970, Paul McCartney ne tarde pas à lancer sa nouvelle formation, Wings. Avec sa femme Linda, Denny Laine (ex-Moody Blues) et quelques autres musiciens, il tente de retrouver une dynamique de groupe qui lui avait tant plu jadis. Les ambitions du nouveau band apparaissent déjà sur Wild Life (1971) et Red Rose Speedway (1973), des albums où McCartney libère son imagination, parfois au détriment de la cohérence.
Wild Life se révèle presque brut dans son approche : le disque, enregistré et mixé à la hâte, s’appuie sur une poignée de jams improvisées et quelques chansons plus formelles. Red Rose Speedway, pour sa part, reflète l’envie de McCartney de faire un album plus abouti, bien que le label le pousse à écourter son idée initiale d’un double LP. Certains morceaux fort intéressants se retrouvent alors relégués en face B ou abandonnés, accentuant encore la nature fragmentaire de cette période.
« My Love » : un tube sentimental… et un solo inattendu
Au milieu de ce chaos, un morceau se détache sur Red Rose Speedway : « My Love ». Dans la lignée des ballades sentimentales dont McCartney a le secret, la chanson raconte la dévotion amoureuse, enveloppée d’une mélodie douce et ornée d’arrangements de cordes. Pour de nombreux auditeurs, elle prolonge la tradition de l’ancien Beatle à signer des tubes romantiques instantanés. Mais une surprise va survenir lors de son enregistrement, illustrant que Wings n’est pas, à cette époque, un simple véhicule des idées de Paul, mais un groupe où certains musiciens peuvent aussi influer sur le résultat.
Henry McCullough, guitariste recruté par McCartney pour Wings, se voit confier le solo central de « My Love ». Dans un groupe essentiellement drivé par le patron et son second, Denny Laine, l’initiative de McCullough a de quoi surprendre. Encore plus lorsqu’on sait que la partition avait été « calée » lors des répétitions. Mais, au dernier moment, le guitariste demande la permission d’improviser un nouveau solo, suscitant l’hésitation de Paul :
« Nous savions exactement ce que nous allions faire, et juste avant la prise, Henry est venu me chuchoter à l’oreille : “Ça te dérange si j’essaye quelque chose de différent sur le solo ?” Je devais prendre l’une de ces décisions : m’en tenir à ce que nous avions répété ou suivre sa nouvelle idée. Au risque de tout gâcher, j’ai opté pour son idée, et il a sorti un nouveau solo génial de nulle part. Il a vraiment été à la hauteur de la situation. »
Un moment clé dans la dynamique du groupe
Pour McCartney, qui veille sur Wings comme sur son propre enfant, laisser le champ libre à un musicien externe est un vrai risque : il cède un instant son contrôle légendaire, et l’alchimie qui se produit alors fait mouche. McCullough, dont les influences vont du rock au blues en passant par la country, ajoute au morceau une touche plus rugueuse et plus franche que le style « ballade sucrée » n’aurait pu laisser imaginer.
Loin d’être une simple anecdote, cet épisode dévoile la richesse d’une collaboration où McCartney, lassé de tout diriger, est prêt à adopter une posture plus ouverte. Les Beatles, après tout, reposaient sur l’équilibre délicat entre les différentes personnalités créatives de John, Paul, George et Ringo. Dans « My Love », le solo de McCullough joue justement le rôle de contrepoint : alors que la chanson se veut une déclaration d’amour teintée de douceur, le solo, lui, brise cette uniformité en apportant une fraîcheur rock inattendue.
L’héritage d’un solo devenu incontournable
Si, en studio, McCullough bénéficie de la confiance instantanée de Paul, c’est aussi parce qu’il a prouvé ses aptitudes sur scène. L’histoire retiendra que son impulsion a transcendé un titre qui aurait facilement pu sombrer dans la mièvrerie. À l’écoute de « My Love », on perçoit un crescendo dans la guitare qui empêche la ballade de se complaire trop longtemps dans la sensiblerie.
Certains fans des Beatles regrettent parfois l’absence d’un solo typiquement « maccartien » – Paul s’est illustré, notamment sur « Maybe I’m Amazed », avec des leads saisissants. Mais force est de reconnaître qu’un autre solo n’aurait peut-être pas autant marqué les esprits. L’approche de McCullough, avec sa touche un peu bluesy, maintient l’intérêt de la chanson, assurant la symbiose entre la sensibilité de McCartney et une attaque plus mordante.
L’importance de laisser sa place aux autres
En fin de compte, « My Love » témoigne d’un moment charnière dans la carrière de Paul McCartney : même s’il demeure le leader incontesté de Wings, il commence à déléguer, à accepter les idées de ses musiciens, à lâcher un peu prise sur son contrôle absolu. Certes, l’album Red Rose Speedway n’est pas toujours salué comme un chef-d’œuvre de cohérence, mais la dynamique illustrée sur « My Love » annonce des jours plus prometteurs où Wings embrassera pleinement son potentiel de groupe.
Pour McCullough, ce solo deviendra un passage mythique, rappelant que, chez Wings, il n’était pas seulement question de se plier à la vision de McCartney, mais également de pouvoir proposer un moment de bravoure créative. Quant à Paul, il prouve qu’il sait parfois renoncer à son perfectionnisme rigide si cela peut apporter de l’âme à ses compositions.
Un écho à l’équilibre des Beatles
On retrouve ici l’esprit qui animait autrefois Lennon, McCartney, Harrison et Starr : une complémentarité lumineuse, capable d’équilibrer douceur et amertume, espoir et mélancolie. En acceptant le solo de McCullough, Paul fait renaître un peu de cette magie collective que l’on associe si volontiers aux Beatles. C’est ce jeu subtil entre guitares, voix et caractères qui a toujours permis à leurs chansons – ou, dans ce cas précis, à celles de Macca – de passer d’une simple ballade à un moment marquant de la pop.
À sa façon, Henry McCullough, en osant braver la feuille de route imposée par le maître, aura prouvé que même un perfectionniste peut être surpris, pour le meilleur. Et c’est précisément cette audace – couplée à la spontanéité – qui a permis à « My Love » de s’ancrer dans la mémoire collective comme l’une des ballades les plus exquises de Wings.
https://www.youtube.com/watch?v=A5g9ZwxFKdg
Cet article répond aux questions suivantes :
- Pourquoi le solo de Henry McCullough sur « My Love » est-il important dans l’histoire de Wings ?
- Comment Paul McCartney a-t-il réagi à la demande d’improvisation de McCullough ?
- Quelles sont les influences musicales qui ont marqué le style de McCullough ?
- En quoi l’album Red Rose Speedway reflète-t-il une période expérimentale pour Wings ?
- Quel parallèle peut-on établir entre Wings et les Beatles dans leur dynamique collective ?
