Je me regarderai dans les yeux, Rim Battal… coup de cœur !

Je ne regrette absolument pas d’avoir accepté d’être en partenariat avec Bayard cette année car je commence mes lectures avec eux par un coup de cœur ! Déjà, vous le savez, j’aime beaucoup cette petite collection rouge, qui est toujours intense et met en lumière de véritables petits bijoux d’écriture. Encore une fois, me voici séduite, avec ce titre qui sort aujourd’hui en librairie… L’histoire ? Nous sommes au Maroc. Une jeune fille fume tranquillement une cigarette à la fenêtre de sa chambre, en compagnie de sa sœur. Parfois, dans l’immeuble en face, un garçon les regarde, ils fument alors ensemble, sans se parler. Mais fumer est interdit. Sa mère qui la surprend va éclater d’une fureur à peine concevable, obligeant la jeune fille à s’enfuir. Elle tente d’abord de se réfugier chez une amie mais sa mère la poursuit là-bas, alors elle prend le train et se rend chez sa tante Aida, censée être plus ouverte d’esprit. Le pire va alors arriver, la famille attend que celle qui n’est encore qu’une adolescente, et qui n’a fait que « griller une cigarette », passe un « certificat de virginité » pour que la jeune fille puisse rentrer, son honneur définitivement lavé. Humiliation, traumatisme, colère font partie des émotions que notre narratrice va ressentir, obligée d’obtempérer et de se soumettre… Ce récit est d’une grande force. J’ai ressenti une grande empathie avec son personnage et partagé son effroi lorsqu’elle est confrontée à la folie de sa mère, la trahison de sa tante. Agée de dix-sept ans, elle est à l’âge des premiers émois, encore naïve, et elle n’a fait que fumer une cigarette, ce qui semble être dans sa famille la porte ouverte à tous les maux et au déshonneur. L’adolescente y puisera, par réaction, les ingrédients de ce qu’elle souhaite pour sa vie future, devenir une artiste, être l’égale de l’homme qu’elle épousera. Encore un beau récit, inspirant, dans cette collection « littérature intérieure » de chez Bayard, que décidément j’adore.