La Flore - EP by Mauvais Sang
NoPo
MAUVAIS SANG - EP 'La flore' 2024Bon sang! Ce mauvais sang aime les jeux de mots comme le singe les bananes...
'Des corps dans le décor' pour titre de leur premier LP, ça sonne raccord! Tout autant que les notes dans ce nouvel EP qui soigne notre flore musicale.
Un demi diptyque bioéthique, anticipant le second volet qui s'intitulera, je vous le donne en mille, 'La faune' (éthique quand on le prononce bien).
Un duo, amis d'enfance le guitariste Mathis Saunier et le chanteur Léo Simond, débutent en Haute Savoie comme la dame qui a réussi. Et du haut de sa voix, Léo appelle le batteur Antoine Vercellotti, il devient leur designer.
Et les filles? Oh les filles, y'en a 2 : Anouk Bizon et Ana Egorova, chanteuses et multi-instrumentistes. Les vla bien armés, pas de quoi se faire du mauvais sang! Enfin si, mais j'me comprends!
Sur la pochette au fond jaune pétant, se font face 2 filaires enroulés de fleurs multicolores tels 2 brins d'ADN déliés. Evidemment la signature de 'MAUVAIS SANG' s'inscrit en rouge, telle la trame du film de Leos Carax où un virus attaque les couples qui font l'amour sans s'aimer.
Sur la galette, 4 titres : Modèle, Seine, Sybille, Nuit venin.
'Modèle' déclenche aussitôt l'alarme sans faire paniquer Léo qui partage le texte avec Anouk probablement. Un son de grosse caisse vient rythmer la mélodie froide aux paroles chaudement subtiles. Une basse vient boucher les trous et les voix s'échappent du corps 'car il est à vous ouououh' dans un cri festif. Le synthé s'emmêle à une guitare funky robotique. Et au moment où l'on s'y attend le moins, une harpe égrène son break à cordes. Le final s'engouffre sur une ligne de clavier fantomatique au milieu d'une orchestration pulpeuse.
Une voix féminine lascive, probablement celle d' Ana avec cet accent délicieux, ouvre 'Seine' sur le contraste d'un riff de synthé/guitare malaisant et autiste. Les textes pourraient être surréalistes si nous ne vivions pas dans un monde en dérèglement climatique.
Une seconde couche synthétique prépare l'arrivée d'une batterie détonante. Le chant fredonné naïvement, avance, à flot, sans bâtons rompus, sur des bâtons de dynamite qui réussissent à maintenir un gros groove. A l'opposé, la conclusion s'opère sur une rivière de cordes à violons et harpe.
Léo démarre a capella sur 'Sybille' puis on pince la harpe sans rire. Anouk accompagne Léo, par bref moments qui gonflent l'émotion. L'instrumentation, dépouillée, met en exergue la fragilité du propos. La harpe se perd en pleurant puis l'orchestration gronde brièvement avant l'extinction à double voix.
Une nouvelle alarme hurle dans les pas monstrueux de 'Nuit venin'. Puis les choristes mixtes posent leur poésie sur un lit de harpe. Un monstre musical tente de leur barrer la route mais le duo résiste. On prend les battements du cœur de la bête en pleine poire, le duo s'en moque. Mais la bête s'emporte et l'emporte recouvrant la douceur des voix. Les dernières notes sur cordes ne sont qu'un enterrement...
Impressionnant, déroutant et au bout fascinant, cet ovni hypnotise. Le disque pêle-mêle électro aux penchants industriels assez effrayants, poésie douce-amère, pop légère et quoi encore, avec maestria. Quant à notre flore auriculaire autant qu'intestinale, elle digère parfaitement et réclame du rab!
