Les récits de marche sur les « chemins noirs » sont nombreux. Celui de Charles Wright a la particularité de se faire sans argent ni téléphone, et en compagnie d’un camarade de noviciat jésuite, Parsac. Tous deux arpentent les sentiers du Massif Central d’Angoulême à Notre-Dame-des-Neiges avec pour seule sécurité la bienveillance des habitants qu’ils rencontreront. L’aventure n’est pas commune, elle n’est ni simple ni insurmontable. Il s’agit dans un premier temps de surmonter la gêne d’avoir à demander de l’aide, puis d’accueillir le monde dans toute sa frugalité certains soirs et dans sa débordante générosité le lendemain. La marche devient accueil de ce qui est donné. La marche se fait rencontre bien sûr : des habitants de ces contrées reculées, avec soi-même, et avec … son compagnon de marche qui subit lui aussi la fatigue, la faim, le découragement. Marcher seul offre un grand espace de liberté intérieure et d’ouverture au monde, marcher à deux offre de beaux moments de solidarité et de nombreux agacements beucoup plus triviaux. Nos deux novices doivent cependant apprendre à reconnaître Dieu dans cette trivialité du quotidien et de la relation abimée par la fatigue. Ils nous offrent finalement une belle leçon de vie et de liberté, la liberté de se questionner sur soi, sur ses choix, la liberté de ne pas idéaliser l’engagement religieux, enjeu de cette marche décisive dans leur parcours d’apprenant jésuite.
Charles Wright nous offre un récit de marche hors des sentiers battus et nous donne à voir une société généreuse et lumineuse dans l’épreuve. Un doux réconfort et une religieuse sérénité émanent de cette aventure humaine.
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Le chemin des estives – Charles Wright
J’ai lu, 2022, 353 p.
Première publication : Flammarion, 2021
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