d'Alia Bengana, Antoine Maréchal, Claude Baechtold
Bande dessinée - 150 pages
Editions Presses de la Cité - avril 2024
Quand Alia, architecte, et son mari Claude décident d'enquêter sur l'univers du béton en France, ils démarrent un travail journalistique qui va leur révéler les dessous d'une filière d'importance qui engloutit de gros appétits financiers et qui contribue pour une grande part aux émissions de gaz à effet de serre.
Les illustrations pleines de couleurs et de vie, - ainsi que la forte énergie des enfants qui traversent souvent les cases - , donnent à ce récit une vitalité à l'opposé de la couleur terne et sinistre du béton.
Album hautement instructif, il présente les faits et apporte les définitions.
Le béton, qu'est-ce ? 30% de sable + 50% de gravier + 15% de ciment + qsp eau.
Naturel me direz-vous ? Certes. Le sable d'abord, (< 4 mm), c'est soit du sable dynamique, celui qu'on va ramasser sur les littoraux, parfois frauduleusement de nuit sur les côtes jamaïcaines, entraînant l'érosion marine, puis transporter parfois sur de longues distances, ou soit du sable statique, comme celui exploité et convoité par des forages en Suisse notamment. Il en faut quand même 40 milliards de tonnes par an ! Le gravier ensuite, (<12 mm) il faut l'extraire, comme pour le projet d'Orlatti en Suisse de nouvelle gravière, rentable, puisqu'on peut aussi le coupler au recyclage des déchets de granulats, d'autant plus disponible que la durée de vie du béton est courte (50 ans souvent...). Enfin, le ciment, ce liant, ou clinker, fait de calcaire, d'argile, aussi parfois de plâtre, cendres ou pouzzolane. C'est l'hydraulicité de ce mélange qui lui permet de durcir au contact de l'eau. Un procédé nécessitant de hautes températures permet d'obtenir le clinker.
Hormis les problématiques de lobbying, de ressources et d'énergie, il est évoqué l'obsolescence du béton (pourtant) armé, qui à cause de la rouille de l'acier, et de la réaction alcali-granulat, se révèle moins durable que la recette du béton romain (mortier de chaux et pierre volcanique, soutenant toujours le Panthéon de Rome quand le pont Morandi de Gênes s'écroulât au bout de quelques décennies).
Le secteur du BTP est responsable de 40% des GES dont 15% pour la construction, et dont 50% dus à la fabrication du béton. Des émissions pourraient être évitables e, modifiant les recettes du clinker, du ciment, du béton, en réduisant l'usage du béton au profit d'autres matériaux à privilégier par les architectes et les promoteurs tels que pierre, bois, paille, terre, ou blocs à réemployer.
Un album qui réussit sa mission de lanceur d'alerte, de pédagogie sur ce thème industrio-environnemental. Passionnant !
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