Quatrième de couverture :
Mortagne n’est pas un patelin tranquille. Ceux qui travaillent le bois ne peuvent pas encadrer les vignerons et inversement. La haine fouette les murs. Les coups tordus pleuvent sans prévenir. Martial, lui, n’a qu’une envie : fuir. Éviter les incidents. Et échapper à la phrase que tout le monde répète : « Je suis né chasseur ! je mourrai pas gibier ! » Parce que la chasse, ici, tout le monde pratique. Sauf Terence. Il a la tronche en biais. Il ne sait ni travailler ni chasser. C’est pour ça que Martial l’aime bien. Et qu’il ne supporte pas qu’on se défoule sur lui.
Dès le début de ce très court roman (76 pages), on est au coeur du drame : un adolescent a commis une tuerie dans son petit village de Mortagne, marqué par des querelles ataviques entre bûcherons et vignerons. On comprendra comment Martial, le narrateur, en est venu à cette violence extrême : une dispute entre deux bûcherons (dont le frère de Martial) a trouvé son exutoire dans une autre forme de violence.
On peut parfaitement comprendre pourquoi Martial en est arrivé là, on est sidéré devant tous ces personnages « bas du plafond » dans le village et dans sa famille, et touché par la tentative de l’adolescent de sortir de ce cercle vicieux de violence. Malheureusement, il semble que les adultes ne peuvent le guider dans sa quête d’émancipation et qu’il n’a pas assez de clés de réflexion pour éviter ce passage à l’acte qui n’a, évidemment, aucune excuse.
Guillaume Guéraud a l’art de saisir ces quelques semaines à Mortagne et de gratter là où la violence individuelle et sociale, fait très mal.
« Des raisons, on peut toujours en trouver. Des bonnes ou des mauvaises. En pagaille. Mais c’est pas mon boulot.
Il y a des spécialistes pour ça. Ils vont sûrement me poser un milliard de questions sur les coups que j’ai pu prendre quand j’étais môme et sur les trucs que je voyais à la télé et sur la fois où j’ai rayé la voiture de ma prof de maths ou encore sur mes poissons que j’ai laissé crever de faim pendant les dernières vacances. Après ça, ils me montreront des taches qui ressemblent à rien et ils attendront que je leur dise à quoi ça ressemble. Je vois pas ce que je pourrai leur raconter. »
« A Mortagne, on n’a pas vraiment les moyens de réfléchir, en fait. On a bien un cerveau, mais rien d’autre à mettre dedans que du raisin, des planches, de la sueur et du plomb. »
Guillaume GUERAUD, Je mourrai pas gibier, Le Rouergue, 2006
J’ai lu ce livre parce qu’avec deux de mes classes, on aurait peut-être pu voir un spectacle basé sur le roman (finalement on nous a attribué un autre spectacle) et bien sûr, il peut entrer dans le challenge Bonnes nouvelles 2025 chez Je lis, je blogue.
