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Chinua Achebe – Le monde s’effondre (Tout s’effondre)

Par Yvantilleuil

Chinua Achebe monde s’effondre (Tout s’effondre)« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur. », dit un proverbe africain.

Dans ce roman publié en 1958 et traduit en une cinquantaine de langues, Chinua Achebe devient le lion qui prend la plume, réécrivant l’histoire d’un peuple trop longtemps contée par des voix occidentales.    

Divisée en trois parties, dans un style forcément désuet et insufflant une délicieuse ambiance de conte, le récit invite à suivre les pas d’Okonkwo, un fermier travailleur et courageux, devenu prospère et respecté de tous à la force des bras. Un chef de famille obéissant aveuglément aux traditions et aux règles de son clan, même lorsque celles-ci ne sont pas à son avantage. Un homme dont le monde va progressivement disparaître avec l’arrivée de l’homme blanc, balayant les certitudes, violant les coutumes et effaçant les origines…   

« Tout s’effondre » narre les premiers contacts entre les cultures africaine et européenne d’un point de vue africain, tout en rendant hommage à l’Afrique précoloniale juste avant que celle-ci ne se retrouve envahie par les colonisateurs. Au fil des pages, le lecteur assiste, également impuissant, à la disparition progressive de l’ancien monde, submergé par un envahisseur venu y imposer ses mœurs et sa religion. Tout s’effondre… irrémédiablement !  

Si l’auteur nigérien rend hommage à ses origines, il n’embellit cependant pas le tableau, dévoilant au passage les aspects peu réjouissants, voire parfois révoltants, de ces coutumes précoloniales. De sacrifices humains barbares à une société patriarcale insupportable, en passant par des sentences particulièrement injustes, Chinua Achebe lève donc également le voile sur certaines pratiques que les missionnaires ont peut-être bien fait de changer.  

Un roman qui contribue à sauver cette culture et ces traditions de l’oubli, empêchant l’effacement total des origines et des repaires de tout un peuple… Et pour également terminer par une sagesse africaine :

« Tournant, tournant en cercles toujours plus larges, le faucon n’entend plus le fauconnier. Tout s’effondre, il n’y a plus de centre. L’anarchie se déchaîne sur le monde ».

Le monde s’effondre (Tout s’effondre), Chinua Achebe, Editions Présence Africaine, 254 p.

Elles/ils en parlent également : Kitty, Pierre, Orchy et les livres

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