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Le contraire de un

Publié le 24 janvier 2025 par Adtraviata
contraire

Quatrième de couverture :

«Deux n’est pas le double
mais le contraire de un,
de sa solitude.
Deux est alliance, fil double
qui n’est pas cassé.»

Dans Le contraire de un, recueil de nouvelles mêlé au vacarme, au bruit du XXe siècle, Erri De Luca décrit un monde où la solitude, propre de l’homme, est ponctuée de moments précieux et forts d’alliance et de solidarité.

Comme plusieurs livres d’Erri De Luca, ce recueil de nouvelles est largement autobiographique. Il commence par un poème dédié à sa mère. Au milieu de ma lecture je suis allée lire le parcours de l’auteur pour mieux situer mieux situer certaines nouvelles. Erri De Luca est Napolitain d’origine (OMG comme mon cher Maurizio De Giovanni) mais il a très vite quitté sa famille et a travaillé comme ouvrier un peu partout en Italie. Il a participé aux luttes ouvrières communistes, souvent réprimées dans le sang. Celles-ci ne sont pas précisément contextualisées historiquement, d’où leur portée symbolique. Il partage également son amour de la montagne (si j’ai bien compris, il vit dans les Dolomites) en évoquant des courses en solitaire ou à deux (au hasard d’une rencontre comme dans Aide ou dans Le pilier de Rozes). Cinq nouvelles plus anciennes sont republiées ici : I colpi dei sensi, Les coups des sens, des textes qui évoquent l’enfance et l’adolescence de l’auteur ainsi que son séjour en Tanzanie, où il a failli mourir de dysenterie et de malaria et où il a été sauvé par une religieuse qui l’a nourri de bouillon de poule. Il raconte également son goût pour la littérature et l’écriture hérité de son père.

Les nouvelles « ouvrières » étaient peut-être un peu plus rêches que les autres mais j’ai savouré cette lecture avec grand plaisir et grande admiration pour ce grand monsieur des lettres italiennes.

« Oui, j’aime l’hiver et février noix de glace, j’aime les neiges que le vent détache par petits paquets des branches des sapins et réunit à la neige avec le bruit léger d’un baiser, j’aime février qui grignote de la lumière au soleil, qui le retient chaque jour un peu plus, j’aime le rouge-gorge qui a résisté sans migrer vers le sud, j’aime l’amandier qui ouvre sa fleur blanche de pupille et la sème sur l’herbe décolorée par le givre, j’aime la vie qui continue sans moi… »

« Je cherche la fille qui se sauva dans le magasin de fruits et légumes, les yeux gonflés de gaz lacrymogène, son pantalon troué. Le patron n’eut pas le temps de fermer, les agents relevèrent le rideau de fer déjà à moitié baissé, excédés de courir sous la grêle des balcons, enfin à l’abri pour une capture facile, bonne pour se dégourdir aussi les membres supérieurs. Ils s’en prirent à la marchandise, un méli-mélo de coups sur brocolis, chicorée, tomates, jambes du commerçant qui avait fini la tête en bas, pommes, courgettes, bras de la fille qui se protégeait sous les paniers renversés. »

« Je regarde le ciel depuis l’enfance, depuis que la postière m’a dit que si l’on regarde toujours les bois les yeux prennent leur vert. Elle, elle avait les yeux noirs à force de lire les adresses. Moi, pour les garder clairs, je me suis mis à fixer les cieux. »

« Deux n’est pas le double mais le contraire de un, de sa solitude. Deux est alliance, fil double qui n’est pas cassé. »

« Napolitain est un titre seulement pour les résidents, la naissance ne suffit pas. C’est ceux qui restent qui comptent, tous les autres sont des étrangers. »

Erri DE LUCA, Le contraire de un, traduit de l’italien par Danièle Valin, Folio, 2005 (Gallimard, 2004 – Payot et Rivages, 1996)

Encore un participation au  challenge Bonnes nouvelles 2025 chez Je lis, je blogue.

Et une bonne vieille sortie de PAL #12pour2025


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