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Le hasard merveilleux

Publié le 24 janvier 2025 par Morduedetheatre @_MDT_
hasard merveilleux

Critique du Hasard merveilleux, de Jean-Christophe Dollé, vu le 14 janvier 2025 au Lucernaire
Avec Brigitte Guedj, mise en scène par Laurent Natrella

J’ai raté Le Hasard Merveilleux il y a quelques années, à Avignon. J’avais repéré le spectacle grâce au nom de son metteur en scène, Laurent Natrella, alors sociétaire de la Comédie-Française. Mais, malgré les extensions bien connues de l’agenda lors du Festival OFF, je n’ai pas réussi à placer le spectacle. Entre-temps, j’ai (re)découvert Jean-Christophe Dollé, toujours à Avignon, et j’ai eu un coup de coeur pour son écriture. Ne me restait plus qu’à rencontrer Brigitte Guedj. C’est chose faite. Et très bien faite.

Le hasard merveilleux est un chassé-croisé entre les souvenirs et le réel. C’est parce qu’elle est de retour dans la ville qui l’a vue naître que les souvenirs de Sylvie remontent. Des souvenirs pas toujours très simples d’une enfance en Algérie plein de barrières et de douleurs. Elle a grandi vite, trop vite peut-être, et elle a cherché à avancer. Et elle a avancé. Et retourner à Constantine ne sera pas un recul. Ce sera une nouvelle avancée.

Il y a des comédiens, lorsqu’ils se mettent à parler, vous savez qu’ils sont faits pour le seul en scène. C’est le cas de Brigitte Guedj. J’apprendrai en sortant du spectacle qu’elle fait aussi beaucoup de doublage. Tu m’étonnes ! Elle se met à parler et sa voix remplit la pièce. Une voix autoritaire, précise, incisive. Il y a des comédiens qui composent avec leurs gestes. D’autres avec leur visage. Brigitte Guedj compose avec sa voix. Le corps suit, bien entendu, mais c’est de l’intérieur que viennent ses personnages. Tous sont parfaitement dessinés, certains plein d’humanité, d’autres qui font sourire, ou peur. Tous prennent vie devant nous. Même cette cigarette, qui nous parle depuis son paquet.

Il est plein de couleurs, ce spectacle. C’est cru, plein de rage et d’espoir, drôle, et poétique à la fois. C’est quelque chose qu’on hurle, quelque chose qui veut sortir, qui doit sortir, quelque chose qu’on essaie un peu d’enjoliver aussi et qui finit par donner une explosion de confettis, certains brillants, dorés, plein de couleurs, et certains plus acérés, prêts à laisser quelques impacts en retombant. Extérioriser, raconter, transmettre, comprendre. Il est tellement plus facile, le rôle de spectateur. Toutes ces émotions, on les reçoit, on les accueille, on les transforme, on s’en nourrit. Et on repart, tous, un peu plus grands.

Le hasard est partout dans cette histoire. Sauf dans les applaudissements de la salle.

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