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Louise Violet de Éric Besnard

Par Mespetitesvues
Louise Violet Éric Besnard

L'histoire: En 1889, Louise Violet est envoyée dans un village du centre de la France pour y ouvrir une école de la République, introduite par les lois de Jules Ferry en 1881-1882. Gratuit, laïque et désormais obligatoire, l'enseignement est toutefois encore loin d'être généralisé dans les régions rurales. La tâche se révèle donc ardue pour cette parisienne au lourd passé qui devra convaincre les enfants, mais qui devra surtout affronter leurs parents, peu enclins à accepter l'intrusion d'une donneuse de leçons, étrangère qui plus est, dans leur quotidien âpre, jusque-là exclusivement consacré au labeur de la ferme.

Sortie en salle au Québec: 31 janvier 2024 (AZ Films)

Trois ans après Délicieux, Éric Besnard revient au drame historique et au XIXe siècle avec Louise Violet, un film à costumes qui explore des sujets universels et toujours très actuels. Grâce à une mise en scène élégante et empreinte de sensibilité, Besnard met en lumière le rôle crucial de l'éducation publique dans l'émancipation des individus, qu'ils soient jeunes ou vieux, tout en posant des questions qui résonnent encore aujourd'hui : Sommes-nous vraiment si éloignés de ces combats ? Avons-nous réellement progressé en matière d'éducation et de savoir universel ? Ou bien assistons-nous à un inquiétant retour vers l'obscurantisme ?

Avec enthousiasme, sans tomber dans la moralisation, Besnard défend les idéaux de la laïcité et de l'accès au savoir pour tous. Il illustre avec acuité le choc des mondes entre une société rurale, profondément ancrée dans ses traditions religieuses ancestrales - personnifiées ici par un curé omniprésent, les commérages étouffants et une méfiance viscérale envers la nouveauté -, et les idéaux républicains portés par la troisième République.

Au-delà de son propos éducatif, le film s'intéresse également à la condition féminine, évoquant les luttes pour l'émancipation dans une société encore très patriarcale. Si certaines répliques, comme " mon corps n'appartient qu'à moi ", peuvent sembler anachroniques, elles n'en soulignent pas moins des revendications universelles et intemporelles. Quelques faiblesses subsistent dans la narration - le passé de la protagoniste est agencé de manière un peu chaotique et une intrigue romanesque secondaire, humoristique certes, s'avère très prévisible.

Malgré tout, Louise Violet s'impose comme un rappel historique pertinent et raffiné. Porté par une reconstitution minutieuse, le film met en valeur la beauté des paysages du Puy de Dôme et la qualité de ses acteurs, notamment celles d' Alexandra Lamy, lumineuse dans le rôle-titre, et de Grégory Gadebois, toujours juste dans la peau d'un maire bourru, mais ouvert d'esprit. Sans rien révolutionner, ce divertissement éducatif, qui fleure bon le pain croûté et le foin fraîchement coupé, parvient à conjuguer humanisme et nostalgie avec un charme indéniable.

Image d'en-tête: Alexandra Lamy dans le rôle de Louise Violet, Grégory Gadebois, dans celui du maire bourru (Louise Violet, Éric Besnard, 2024)


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