C’est en janvier 2020, au moment où elle s’était fait un nom en dénonçant les crimes du prédateur sexuel Gabriel Matzneff dans « Le Consentement », que celui dont elle avait hérité ce patronyme s’est subitement éteint.
Alors qu’elle se trouve dans un taxi pour rejoindre l’émission « La Grande Librairie », dont elle est l’invitée, Vanessa Springora reçoit un appel téléphonique de la police lui annonçant le décès de son père et lui demandant de venir identifier le corps de cet homme qu’elle n’a pas revu depuis une dizaine d’années. C’est en vidant le petit appartement de sa grand-mère à Courbevoie, où son père a vécu les dernières années de sa vie, qu’elle tombe sur deux photos de son grand-père paternel arborant des insignes nazis.
Au moment où la parution de son premier roman provoque un petit séisme en France, la découverte du passé enfoui de SS de son grand-père adoré en crée un autre, interne, qui bouleverse tellement l’autrice qu’il constituera le point de départ de ce second roman. Une enquête sur ses origines familiales qui cherche tout d’abord à démêler les mensonges d’un père mythomane, avant de se rendre en Moravie, région natale de son grand-père.
En partant à la recherche des mystères et des secrets qui se dissimulent derrière son nom de famille, Vanessa Springora s’interroge sur la filiation tout en livrant une réflexion intéressante sur le fardeau que peut engendrer un patronyme. Au fil de cette enquête familiale, l’autrice va progressivement réinterpréter certains souvenirs refoulés, ainsi que les nombreux non-dits qui ont jalonné son passé familial. Elle va ainsi essayer de mettre des mots sur les secrets que ses aïeuls ont tenté de passer sous silence.
En se rendant jusqu’à Zábřeh, petite ville tchèque au cœur de la Moravie, à la recherche des racines familiales, Vanessa Springora éclaire également quelques-unes des pages les plus sombres de l’Histoire du XXᵉ siècle, notamment celles de la Tchécoslovaquie et des Sudètes. Au fil des pages, le parcours accidenté de son grand-père va progressivement s’accrocher à son patronyme, rajoutant et modifiant des lettres en fonction des secrets qu’il faut dissimuler.
L’idée de vouloir mêler la petite histoire à la grande n’est certainement pas mauvaise, mais l’autrice donne malheureusement souvent l’impression de s’emmêler les pieds dans la petite sans jamais parvenir à véritablement prendre son envol pour toucher la grande. Cette enquête familiale, dont le point de départ m’a immédiatement séduit et accroché, s’avère malheureusement remplie d’impasses, tourne parfois en rond et se perd régulièrement dans des digressions et des hypothèses sans véritable intérêt. Ce qui est un peu dommage, car la première moitié s’avérait particulièrement prometteuse !
Lisez « Le Consentement » !
Patronyme, Vanessa Springora, Grasset, 368 p., 22€
Elles/ils en parlent encore : Matatoune, Audrey, Catherine, Willy, Benoit
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