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Génocide et innocence dans Petit Pays de Gaël Faye

Par Carmenrob

Génocide innocence dans Petit Pays Gaël Faye

Petit pays, c'est du costaud! Un livre qu'on lit avec la peur au ventre, sachant que l'horreur nous attend au détour, mais un récit plein de lumière aussi. Un livre qu'on ne peut lâcher une fois qu'on en a lu les premières lignes.

Génocide innocence dans Petit Pays Gaël Faye

Petit pays, c'est un récit partiellement autobiographique. C'est Gabriel qui raconte. Âgé d'une dizaine d'années, il vit au Burundi avec son papa, Michel, un Français marié à Yvonne, une Tutsi exilée du Rwanda et Ana, sa petite soeur. Gabriel est heureux. Il va à l'école et, dans ses moments libres, il chaparde, avec ses copains, des mangues dans les jardins voisins pour se faire quelques sous. Mais petit à petit, il prend conscience des tensions interraciales qui couvent dans son pays et dans le pays voisin où vit la famille de sa mère. C'est des coulisses qu'il vivra le génocide rwandais, mais les pieds dedans qu'il sera confronté aux violences burundaises.

Ce livre de Gaël Faye a été couronné de nombreux prix et pour cause. L'auteur manifeste, dès ce premier, roman un talent littéraire certain. Ça parle du génocide, mais pas que. Ça parle surtout de l'enfance comme seul pays natal, de l'arrogance des colonisateurs, de la mise en place des rouages de la violence, de la lecture comme d'un pays de repli quand le monde vacille.

Grâce à mes lectures, j'avais aboli les limites de l'impasse, je respirait à nouveau, le monde s'étendait plus loin, au-delà des clôtures qui nous recroquevillaient sur nous-mêmes et sur nos peurs. Je n'allais plus à la planque, je n'avais plue envie de voir les copains, de les écouter parler de la guerre, des villes mortes, des Hutu et des Tutsi. Avec Mme Economopoulos, nous nous essayions dans le jardin sous un jacaranda mimosa. Sur la table en fer forgé, elle servait du thé et des biscuits chauds. Nous discutions pendant des heures des livres qu'elle mettait entre mes mains. Je découvrais que je pouvais parler d'une infinité de choses tapies au fond de moi et que j'ignorais. Dans ce havre de verdure, j'apprenais à identifier mes goûts, mes envies, ma manière de voir et de ressentir l'univers.(p. 171)

Gaël Faye, Petit pays, Grasset, 2016, 216 pages


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