
Dimanche 26.01. J'ai rendez-vous à 14:00 à la maison des associations de Vincennes, sur l'invitation de Fabienne Retailleau artiste comédienne.
J'ai une mission particulière. Je suis membre d'un jury qui va devoir trancher sur des prestations de lecture à voix haute.
C'est une première pour moi, en ce qui concerne le fait de participer à une instance de légitimation pour la lecture à voix haute. J'ai, dans le passé, participé à des comités de lecture pour des prix significatifs : le prix de la Porte dorée, le prix les Afriques. J'ai été consultant littéraire sur la première édition du Prix Orange du livre Africain. Plus récemment, j'ai pris part comme membre du jury du Prix RFI Voix d'Afriques et à une édition de l'historique Grand Prix Afrique. L'idée n'est pas d'admirer la forme de mon biceps et les veines saillantes de mon avant-bras. Elle est plutôt de vous dire mon état d'esprit en arrivant à Vincennes : sur un chemin, à moitié connu. Les lectures c'est cependant autre chose. On est dans la restitution, le spectacle du vivant, loin des cogitations du lecteur silencieux.On est en effet entre le théâtre et la littérature. Le lecteur à voix haute se met entre le texte et le future lecteur. Cet exercice est intéressant. Sur les quinze candidats, 13 sont effectivement présents, ils ont choisi des textes en lien avec le thème des Nuits de la lecture : Patrimoines. Ils ont entre 3 et 5 minutes pour les faire entendre leur voix. Des extraits du roman Le livre de ma mère d'Albert Cohen seront proposés par deux candidats. Pour le reste, on aura des auteurs comme Jean Giono, Sylvain Tesson, Catherine Ackerman...Autant de textes que je vais avoir le plaisir à découvrir, si la lecture est bonne, rythmée, fluide, avec les respirations nécessaires, portée par une voix agréable, avec une émotion mesurée à l'aune du texte choisi. Certains textes vont être complexes et difficiles à lire. Le choix n'est pas imposé...Le thème a pour titre : Patrimoines. Dans les temps qui courent, ce n'est pas neutre. Des choses qui relèvent du père. Normalement. Dans le texte , lu à voix haute, on recherche le thème. Je recherche le sujet. Qu'est-ce qui relève du patrimoine ? Tiens me voilà en train de réfléchir. Un enterrement ? Un leg ? Une trahison ? Un aménagement du territoire. Oui les pierres, ça parle. Notre Dame de Paris, c'est l'ambiguïté, un patrimoine national, religieux, spirituel, une mort et une résurrection en 5 ans par la volonté présidentielle au lieu de trois jours. L'écoute est plus simple dans ce cas précis. Je ne cherche que le texte, le jeu de la langue sans mener une enquête policière pour savoir si le choix est adéquat ou pas...En attendant les autres membres du jury, je suis arrivé avec une vingtaine de minutes d'avance, je discute avec Omar Ben Laâla, écrivain. Il va présider nos délibérations. Je découvre cet auteur qui a écrit quatre oeuvres, dont trois dans des maisons d'édition prestigieuses. Je ne le connaissais pas. Je remercie Fabienne de m'avoir ainsi donné la possibilité de le rencontrer. Voilà un homme de lettres capable de me dire quatre romans, il a fait le tour de la question et que son nouveau roman qu'il a choisi d'auto-éditer sera le dernier. Je l'ai acheté après la remise de prix. Pendant une heure trente, je vais écouter ces lectures. Par respect pour le jury et les candidats, je n'en dirai pas plus, si ce n'est que 13 lecteurs non sélectionnés, j'ai trouvé les lectures de très bonne facture. Chacun, chacune se sont investis et préparés pour donner le meilleur. La palette de lectrices et de lecteurs allait de de 13 à 67 ans. Le cadre était imposant. Les membres du jury charmants, engageants. J'ai vraiment passé un très bon moment. Félicitations aux trois lauréates Merci Fabienne pour cette rencontre maîtrisée, pleine d'émotion.
