On efface tout et on recommence

Les wokistes me font penser à ces gens qui se lèvent souvent du mauvais pied. Que l’univers tout entier agace de bon matin, au prétexte qu’il ne correspond pas à leur propre vision de celui-ci. Stay awake, disait Mandela. À condition de rester bien « aware », lui aurait répondu JCVD (aka Jean-Claude Van Damme). Encore une réplique de boomer, dira-t-on, blague mise à part.

Convaincus d’être les seuls éveillés dans ce ramassis d’affreux zombies, les wokistes se sentent investis de la noble mission de nous guider vers la lumière. Et à ce jeu là, tous les coups sont permis, l’agressivité y compris quand il s’agit d’imposer son point de vue. Aussi louable soit-il. Car s’il n’y a rien de foncièrement mauvais que de vouloir s’opposer à l’injustice et à la discrimination dans ce monde de brutes, pourquoi la seule évocation de la pensée « woke » suffit-elle à filer des crises d’urticaire à certains ? 

Simplement parce qu’une fois de plus on en a fait n’importe quoi. Les « wokes » d’aujourd‘hui ne sont plus les mêmes qu’hier et tirent absolument sur tout ce qui bouge, ou s’éloigne un tant soit peu de leur idéologie. Une attitude que beaucoup comparent à une nouvelle « police de la pensée », dont la souplesse n’aurait rien à envier à celle de l’Inquisition en son temps. Viandard, facho, réac’ ou boomer : à chacun son étiquette puisqu’il n’y a que l’embarras du choix. 

Quant à la « cancel culture » qui voudrait en découdre avec les valeurs traditionnelles, on en oublierait presque qu’il est impensable de créer une meilleure société en gommant tout bonnement l’histoire, les spécificités et le contexte qui l’ont produite. C’est pourtant exactement ce que voudraient faire ceux qui s’autoproclament « wokes » de nos jours, transposant en Europe un courant de pensée d’origine américaine qui n’a rien à y faire. Car les enjeux ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, comme les raisons de se soulever : alors pourquoi vouloir aborder à tout prix chaque situation sous le même angle quand on se prétend soi-même défendre la diversité ? Je pose la question et je me recouche. 

éé