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« Le club des enfants perdus » de Rebecca Lighieri

Par Ellettres @Ellettres
club enfants perdus Rebecca Lighieri

Deuxième fois que je lis Rebecca Lighieri, alias Emmanuelle Bayamack-Tam, et je suis toujours aussi subjuguée par son talent, sa capacité à emmener son lecteur très loin, qu’estomaquée par les thèmes qu’elle se choisit. Dans « Le club des enfants perdus », outre la vision extrêmement sombre, désespérée et suicidaire de sa jeune héroïne Miranda, censée représenter les préoccupations de la Gen Z, on dirait que l’autrice tient absolument à compléter un bingo de toutes les sexualités et pratiques sexuelles imaginables. J’en ai appris des trucs ! Comme si j’avais de nouveau 15 ans, quand je découvrais l’amour physique dans la lecture de « La bicyclette bleue » au CDI de mon collège, sauf que là c’était beaucoup plus hardcore – d’où ma perplexité face aux intentions de l’autrice, qui me semblent assez militantes, cf. la polémique concernant la présence de ce livre dans la bibliothèque d’un lycée : je suis d’avis que c’est un roman à réserver aux adultes avertis.

On retrouve aussi le souci de l’autrice de normaliser tous les types de corps en littérature, gros ou maigres, beaux ou moches, jeunes ou vieux, etc (qu’on trouvait déjà dans « Arcadie » et qui me ferait qualifier la démarche de l’autrice de pan-humaniste, ce qui est tout à son honneur).

D’où mon sentiment mitigé en refermant ce bouquin. J’ai avidement dévoré ses 515 pages en moins d’une semaine, complètement happée par l’intrigue [SPOILER ALERT] autour de cette famille de trois personnes, papa et maman grands comédiens de théâtre et fille à l’opposé, d’apparence effacée. Mais la bizarrerie extrême de Miranda, son accès illimité à un merveilleux délirant {je suis sans doute trop obtuse pour y adhérer, ou trop vieille} qui flirte avec la prise de drogues et une sexualité débridée, et ressemble un peu trop aux grandes tendances ésotériques du moment, tout cela l’a emporté sur mon attachement au personnage. Mais je reconnais que Lighieri a sans doute visé juste en terme de portrait d’une génération perdue, gagnée par toutes sortes d’anxiétés et adepte de stratégies de fuite de la réalité.

Pour tout vous dire, j’ai beaucoup plus adhéré au personnage d’Armand, le père. C’est un signe, si je m’identifie plus au barbon qu’à la jeunette de 25 ans ! 🫣

éé

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