Agatha Raisin enquête – L’enfer de l’amour

Quatrième de couverture :

Qui a dit que l’amour c’était le paradis ? Plutôt l’enfer, même pavé de bonnes intentions ! À peine mariés, Agatha et James Lacey font cottage à part et s’accusent mutuellement d’infidélités. Jusqu’à ce que James disparaisse pour de bon, laissant derrière lui sa maison saccagée… Les soupçons se portent aussitôt sur l’épouse du disparu : Agatha. Décidée à se défendre et à remettre la main sur son mari, notre détective part à sa recherche, à ses risques et périls…

Il y a longtemps que je n’avais lu une enquête d’Agatha Raisin, j’en ai sorti une après ma série de lectures irlandaises au ton grave et noir.

Agatha a réalisé le rêve de sa vie (enfin, de sa seconde vie, retraitée de la pub et propriétaire d’un joli cottage dans un charmant village des Cotswolds) : épouser son voisin, le séduisant James Lacey. Mais le mariage s’avère vite une catastrophe : tous les deux ont sans doute été trop habitués à vivre seuls et sont incapables de faire des concessions, d’accepter un tant soit peu le mode de vie et même la personnalité de l’autre. D’ailleurs… ils font cottage à part ! Bon, ok, Agatha n’est pas une fée du logis mais quand même… Aussi, quand James disparaît après avoir manifestement été agressé et que sa maîtresse supposée, Melissa Sheppard, est retrouvée assassinée, les soupçons se portent d’abord sur Agatha, vite disculpée, et ensuite sur James lui-même, que la police ne parvient jamais à localiser (on comprendra pourquoi bien plus tard). Agatha n’a d’autre choix que de se lancer sur la piste de James et elle va commencer par collecter des informations sur Melissa et son entourage, notamment ses deux premiers maris, qui se sont tous deux séparés d’elle (qu’on peut considérer comme un caméléon un peu mythomane) mais qui ne sont pas blancs comme neige, contrairement aux apparences. Et devinez qui accompagne Agatha dans ses recherches, tout en essayant de lui ouvrir les yeux sur la réalité de son mariage avec James ? Sir Charles Fraith, bien entendu, toujours aussi radin et sans doute à la recherche de la femme de son coeur. Agatha n’oublie pas d’essayer de trouver James, flanquée de Charles, dont on se demande (attention, je divulgâche peut-être) s’il ne finira pas par affirmer clairement son attirance pour notre détective amateur. Bref, un bon moment, avec peut-être quelques longueurs mais toujours des situations cocasses et des dialogues qui font mouche.

« Pendant qu’elle remplissait en fredonnant gaiement son volumineux lave-linge, une petite sonnette d’alarme, dans un coin de sa tête, lui signala que les bonnes ménagères prenaient soin de séparer le blanc de la couleur. Elle versa de la poudre et de l’assouplissant dans les bacs, puis alla s’asseoir au jardin et regarda batifoler ses deux chats pendant que la machine tournait. Lorsqu’un grondement annonça la fin du cycle, elle rentra décharger le tambour et fourra le tas de vêtements dans une grande corbeille pour aller l’étendre à l’extérieur. Là, le linge qu’elle avait sous les yeux était devenu intégralement rose – pas un discret pastel mais un fuchsia éclatant. Consternée, elle chercha dans la pile le responsable du gâchis : un pull rose qu’elle avait acheté sur un marché de Prague. Résultat, toutes les affaires de James, chemises et sous-vêtements, avaient viré au rose vif. »

« – Reprends-toi, ma chérie. Le martyre est loin de t’embellir.
– Quoi? s’emporta Agatha en le foudroyant du regard. Mon mari a disparu, il est peut-être mort, et toi tu ne trouves rien de mieux à faire que de m’insulter!
– Les amis sont là pour ça, tu sais.
Tout en mangeant son sandwich, elle entreprit de faire savoir à Charles tout le mal qu’elle pensait de lui. Placide, il l’écouta jusqu’au bout et demanda l’addition quand elle eut terminé son repas. »

M.C. BEATON, Agatha Raison enquête – L’enfer de l’amour, traduit de l’anglais par Marina Boraso, Albin Michel, 2018