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La voie royale des bilatérales entre l'UE et la Suisse

Publié le 04 septembre 2008 par Francisrichard @francisrichard

voie royale bilatérales entre l'UE Suisse   PME Magazine publie ce mois-ci un dossier ( ici ) sur la Suisse face à la crise. Ce dossier répond à la question : pourquoi la Suisse s’en sort si bien ? La raison principale ne plaira pas aux inconditionnels de l’adhésion à l’UE, qui, après le rejet par le peuple helvète de l’EEE (Espace économique européen) le 6 décembre 1992, annonçaient que les pires calamités allaient s’abattre sur la Suisse.

Aline Yazgi écrit en effet : « En prenant du recul, on peut se dire que le choc du 6 décembre 1992 a été salutaire. Lorsque le peuple a refusé l’Espace économique européen (EEE), le pays – déjà fortement touché par le ralentissement économique – a dû se repenser. En réorientant ses débouchés, mais aussi en travaillant sur son marché intérieur, pour le rendre plus compétitif. »

La réorientation de ses débouchés s’est traduite par la conclusion de bilatérales avec l’UE et par la conclusion d’accords de libre-échange avec les pays émergents. Le résultat est que « en y regardant de plus près, on voit (…) que l’Europe est devenu un marché d’approvisionnement net et le reste du monde un marché d’exportation net ».

Les faits démentent les affirmations pessimistes des européistes, qui en prennent pour leur grade : « Une adhésion pleine et entière (à l’UE) n’est plus à l’ordre du jour et l’économie dans son ensemble se félicite des bilatérales, atout absolument essentiel : elles permettent aux entreprises suisses d’accéder au marché communautaire à des conditions équivalentes à celles offertes aux sociétés des Etats membres. Mais laissent au pays sa souveraineté politique ».

Les faits s’opposent aux fantasmes des altermondialistes, qui ne sont pas davantage épargnés : « La mondialisation a été favorable à la Suisse – et continuera de l’être – elle entend consolider le réseau extérieur, notamment par le biais d’une foule d’accords de libre-échange (d’autant plus nécessaires depuis l’échec du Cycle de Doha à l’OMC cet été). »

Les autres raisons de la réussite de l’économie helvétique peuvent surprendre de prime abord : le franc fort des années nonante « a paradoxalement joué un rôle positif après coup, forçant les entreprises à tout faire pour être compétitives » ; « la quasi-totalité de la production (hors agriculture) n’étant pas subventionnée, les entreprises ont toujours dû s’adapter ».

Cristina Gaggnini, directrice romande d’Economiesuisse, interrogée par Aline Yazgi explique : « (Les entreprises) se sont restructurées et ont osé prendre des décisions qui ont parfois fait mal sur le moment, comme lorsqu’elles ont procédé à des licenciements. Elles ont diminué leurs coûts de production, trouvé de nouveaux marchés et beaucoup innové. Elles ont su anticiper les besoins des clients ».

Une autre raison de la réussite de la Suisse est la flexibilité de son marché du travail : « Si elle est synonyme de hausse rapide du chômage en période de crise économique, elle permet aussi un redémarrage plus rapide du nombre d’emplois dès que l’économie s’améliore ». J’ajoute que son étiage reste toujours faible quelle que soit la conjoncture en comparaison de bien d’autres pays.

Quant au climat social il est « relativement bon ». Il « se lit dans la paix du travail et la très forte hausse des Conventions collectives de travail. Ces accords directement entre partenaires sociaux (contrairement à l’interventionnisme étatique qui prévaut dans d’autres pays) jouent certainement un rôle dans la croissance économique ». La Suisse ne pâtit quasi jamais de grèves, hormis par moments dans la construction et les travaux publics.

Les résultats sont là. Dans le monde « occidental » la Suisse a connu la plus forte croissance du PIB en 2007 avec 3,1% à comparer aux 2,6% de l’UE, aux 2,2% du Japon et aux 2,1% des EU. Son taux de chômage à la date de juillet 2008 est le plus faible avec 2,3% à comparer aux 5,7% des EU et aux 7,3% de l’UE. A la même date l’inflation y apparaît mieux maîtrisée : 3,1% alors que l’UE affiche un taux de 5,7% et les EU de 7,3%.

Mais le résultat le plus spectaculaire est la formidable progression des exportations. Elles représentaient 37% du PIB en 1995, elles représentent en 2007 57% du PIB. Les machines ne constituent plus le premier secteur d’exportation : « C’était encore vrai il y a dix ans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. « La chimie-pharmacie a ravi la place de première branche manufacturière exportatrice du pays », relevait ce printemps Jean-Pierre Roth, le président de la direction générale de la Banque nationale suisse. »

Aline Yazgi donne les raisons de cette vigueur : « D’abord, les exportateurs ont une redoutable capacité à s’adapter à l’évolution de la demande mondiale. Des comparaisons internationales montrent qu’ils réagissent davantage à ces variations que leurs concurrents étrangers. Ensuite, ils se sont orientés graduellement vers des régions à forte croissance. Sans se détourner des marchés traditionnels (l’Europe absorbe près de 60% des biens suisses) ».

La bonne santé de l’économie suisse résulte donc de son goût retrouvé pour la compétition et de sa faculté d’adaptation. Au lieu de baisser les bras, d’attendre l’aide de l’Etat, elle a retroussé ses manches. Elle a fait face et pris ses responsabilités. Elle a utilisé à plein les degrés de liberté qui lui étaient laissés. Cela n’aurait évidemment pas été possible si elle avait eu tout le temps sur le dos un Etat qui lui aurait dit ce qu’elle devait faire pour s’en sortir ou qui aurait demandé des comptes pour les sommes qu’il lui aurait octroyées.

Francis Richard


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