Parmi les compositions de George Harrison, certaines se distinguent par leur intensité lyrique et musicale, tandis que d’autres adoptent une approche plus apaisée et contemplative. Soft Touch, neuvième morceau de son album George Harrison sorti en 1979, appartient à cette dernière catégorie. À travers ce titre, l’ancien Beatle offre une œuvre douce et aérée, à l’image des paysages tropicaux qui l’ont inspiré. Retour sur un morceau empreint de quiétude, né sous le soleil des îles Vierges britanniques.
Sommaire
- Une genèse insulaire
- Une instrumentation raffinée et subtile
- Une réception mitigée
- Une influence amicale et des réminiscences de Hambourg
- Une douce escapade musicale
Une genèse insulaire
C’est en mars 1976, lors d’un séjour dans les îles Vierges en compagnie de sa compagne Olivia Arias, que George Harrison compose Soft Touch. Il se trouve alors en pleine période de création pour son album Thirty Three & 1/3, mais décide de mettre cette chanson de côté pour l’exploiter plus tard. L’inspiration lui vient alors qu’il joue Run Of The Mill, un titre de son album All Things Must Pass sorti en 1970. La mélodie finale de Soft Touch naît d’un motif instrumental présent à la toute fin de Run Of The Mill, une approche typique de Harrison qui aimait recycler certaines idées musicales pour les développer sous une nouvelle forme.
Ce voyage dans les Caraïbes marque profondément l’ambiance de la chanson. Soft Touch capte les sensations de l’instant : la brise tropicale, le bruissement des palmiers et l’éclat paisible de la lune montante. Il ne s’agit pas simplement d’une ballade amoureuse, mais plutôt d’une ode à la tranquillité et à l’harmonie d’un lieu qui semblait offrir à Harrison un répit bienvenu loin des tumultes du monde musical.
Une instrumentation raffinée et subtile
Enregistré entre mars et novembre 1978, Soft Touch bénéficie d’un arrangement sobre et élégant. La voix douce de George Harrison s’accompagne d’une instrumentation épurée où dominent les guitares acoustiques et électriques, conférant à la chanson un aspect intime et chaleureux.
Le morceau s’entoure d’excellents musiciens, à commencer par Steve Winwood au Polymoog, un synthétiseur qui ajoute une texture éthérée à la mélodie. Neil Larsen tient l’orgue, tandis que Willie Weeks assure la ligne de basse avec fluidité. La batterie d’Andy Newmark et les congas de Ray Cooper viennent enrichir le tout, renforçant cette atmosphère feutrée et décontractée.
Une réception mitigée
Si l’album George Harrison est généralement bien accueilli, Soft Touch ne fait pas partie des morceaux les plus plébiscités par le public ou la critique. Harrison lui-même admet, dans une interview accordée à Rolling Stone en avril 1979, qu’il considère cette chanson comme plaisante mais sans caractéristique particulièrement marquante. Il décrit Soft Touch ainsi que If You Believe comme les deux morceaux les moins convaincants de l’album, regrettant leur manque de profondeur.
Malgré cette modestie de la part de son auteur, le titre trouve une place sur la face B du single Love Comes to Everyone, sorti aux États-Unis en mai 1979. Il illustre parfaitement cette facette plus sereine de George Harrison, loin des débats spirituels ou des questionnements existentiels qui ont souvent traversé son œuvre.
Une influence amicale et des réminiscences de Hambourg
Derrière le titre de la chanson se cache une anecdote amusante. Olivia Harrison rapporte dans I Me Mine que l’expression « soft touch » vient du batteur Jim Keltner, qui avait l’habitude de décrire George ainsi. Ce dernier a souvent été perçu comme un homme généreux et accessible, peut-être trop parfois aux yeux de certains. L’expression employée par Keltner a donc fini par inspirer cette chanson à l’atmosphère légère et insouciante.
Un autre détail curieux se trouve dans les notes de George Harrison sur les paroles de la chanson. Au bas de la seconde page, il inscrit « Bridge (noch ein mal) », soit « pont (encore une fois) » en allemand. Il s’agit d’un clin d’œil aux années de formation des Beatles à Hambourg, où ce type d’expression était souvent lancé sur scène pour prolonger un morceau. Cette petite notation révèle à quel point l’univers de Harrison restait imprégné de souvenirs et de références personnelles.
Une douce escapade musicale
Soft Touch ne fait peut-être pas partie des compositions les plus emblématiques de George Harrison, mais elle incarne une facette essentielle de son art : celle d’un musicien en quête de paix et d’harmonie. Par sa mélodie simple et ses paroles empreintes de douceur, la chanson transporte l’auditeur vers un ailleurs lumineux et apaisant, à l’image des paysages qui l’ont inspirée.
Si Harrison ne considérait pas ce morceau comme un de ses chefs-d’œuvre, il n’en demeure pas moins une élégante invitation à la détente et à la contemplation, témoignant une fois de plus de la diversité et de la richesse de son univers musical.
