Magazine Culture

Tokyo Express

Publié le 22 avril 2025 par Adtraviata
Tokyo Express

Présentation de l’éditeur :

Un double suicide d’amoureux et une sordide affaire de corruption. Un meurtrier très méticuleux et une enquête bien embrouillée qui pourrait ressembler à première vue à une visite touristique dans tout le Japon. Dans les bars de Tokyo, l’inspecteur Mihara découvre des pots-de-vin et la vérité au fond d’un verre. Dans les trains, de Kamakura à Hokkaido, il a de curieux pressentiments devant un paysage de chiffres et apprend aussi la poésie japonaise dans un annuaire des chemins de fer.

Seichô Matsumoto, surnommé le Simenon nippon, est né en 1910 (et décédé en 1992). Ouvrier d’imprimerie puis rédacteur à l’Asashi Shimbun, il est venu assez tard à l’écriture. On le surnomme « le Simenon japonais ».

Pour lire encore au moins un titre japonais, j’ai choisi un polar, qui sera aussi mon classique du mois puisque le livre est paru en 1958 au Japon.

Il n’est pas très long (188 pages) et heureusement parce que la lecture en a été un peu fastidieuse. Cela commence avec un repas entre un homme d’affaires, Tatsuo Yasuda, et ses serveuses habituées, qui le raccompagnent ensuite à une gare de Tokyo, où il leur fait remarquer de loin une troisième serveuse prenant le train pour l’île de Kyushu (la plus au sud du pays) avec un homme, tandis que Yoshida part pour Kamakura. Quelques jours plus tard, on retrouve l’homme et Toki morts sur une plage peu avenante. La police locale conclut à un double suicide, mais un ticket de restaurant « pour une seule personne » et l’aridité de la plage, qui permet de ne laisser aucune trace de l’éventuelle intervention d’un tiers, chiffonne le vieil inspecteur Jutaro Torigai. Et comme le mort est en lien avec des employés du ministère X visés par une vaste enquête de corruption, cela met la puce à l’oreille du jeune inspecteur Mihara qui, encouragé par ses supérieures, va se lancer dans une minutieuse enquête, basée principalement sur des horaires de trains et d’avions et des listes de passagers, pour tenter de prouver que Tatsuo Yasuda était présent sur les lieux du double suicide. Une enquête lente et fastidieuse, souvent décevante, mais que Mihara finira par résoudre, un peu grâce à différents hasards.

L’éditeur nous dit : « Si vous aimez les trains qui partent à l’heure, vous adorerez ce roman policier subtil qui vous fera voyager du nord au sud du Japon. » J’aime les trains mais détailler les horaires minute par minute ou presque, tout en menant l’enquête avec les circonvolutions de la politesse nipponne, a fini par me lasser un peu. Je savais pourtant qu’au Japon il faut savoir prendre son temps et être attentif aux détails infimes (comme chez Simenon) mais bon… Cela dit, le fin mot de l’affaire, c’est-à-dire le faux alibi de Yasuda, est assez retors et montre une fois de plus que les apparences sont bien trompeuses.

« L’ouvrier, qui avait relevé le col de son pardessus, marchait courbé en deux d’un pas rapide. Il avait l’habitude de passer tous les jours par ce rivage caillouteux, car c’était un raccourci pour aller à son travail. Mais il s’était passé là quelque chose d’inhabituel. Sur le sol rocheux et noir, deux corps étaient étendus. C’était une chose déplacée, gênante, dans ce paysage qui lui était familier.
Les corps étaient allongés frileusement dans la lumière bleutée de l’aube, alors que le soleil ne brillait pas encore. les bords de leurs vêtements s’agitaient. Rien d’autre ne bougeait, sauf leurs cheveux. »

« Quand je m’ennuie, je me distrais en ouvrant l’horaire des chemins de fer au hasard.
Mon mari qui voyage beaucoup pour ses affaires achète très souvent l’horaire des trains. Il a l’habitude de le consulter, car il l’utilise quotidiennement, mais moi qui suis alitée, je lui trouve un intérêt tout différent. »

« Mihara aimait beaucoup ce tramway et le prenait sans même savoir où il allait. Cela pouvait sembler curieux de monter ainsi dans un tramway, mais lorsqu’il était pris dans ses pensées, Mihara aimait à prendre place dans un train et y réfléchir. La vitesse lente et le bercement modéré du wagon l’incitaient à la réflexion. »

MATSUMOTO, Tokyo Express,, traduit du japonais par Rose-Marie Fayolle, Picquier poche, 1994 (Picquier, 1989 / Première parution au Japon 1958)

Un mois au Japon avec Lou et Hilde


Retour à La Une de Logo Paperblog